Le Parlement européen soupçonne le Front national de fraude
On inverse les rôles, c'est à présent le Front national qui est dans le collimateur de l'Union européenne. Le Parlement européen soupçonne en effet le parti de Marine Le Pen d'irrégularités concernant les salaires versés aux assistants parlementaires de ses députés européens.
Le FN compte 23 élus à Bruxelles et tous ont droit à un assistant payé par l'institution européenne. Mais le Parlement soupçonne une vingtaine d'entre eux de ne pas travailler pour leur député mais pour le parti. Ils n'auraient dans ce cas aucune raison d'être rémunérés par le budget européen.
Le Parlement européen s'appuie pour cela sur l'organigramme du FN, dans lequel les 20 assistants en question ont "des postes officiels alors que ceux-ci doivent nécessairement et directement travailler à l'exercice du mandat parlementaire des députés européens", a-t-il communiqué. "Certains assistants ne travaillent pas pour le député auquel ils sont liés par un contrat de travail", précise-t-il.
L'institution a donc saisi l'Office européen de lutte anti-fraude (Olaf), qui décidera de l'opportunité d'une enquête.
Le président du Parlement européen, Martin Schulz, a également écrit à la garde des Sceaux Christiane Taubira pour l'informer de la situation. A la charge de la justice française de décider d'une éventuelle enquête. La pratique, si elle se vérifiait, pourrait être assimilée dans notre droit à du financement illicite de parti politique.
Du côté du FN, la meilleure défense reste l'attaque et la dénonciation d'une conspiration ourdie par gouvernement français et l'Union européenne à 12 jours des départementales: "Manuel Valls mobilise ses amis contre le FN: le président du Parlement européen sort la grosse caisse", a déclaré Marine Le Pen sur Twitter. Elle fait également part de son intention de déposer une plainte pour "dénonciation calomnieuse".
Le numéro 2 du parti, Florian Philippot, s'autorise lui l'ironie, vu les convictions europhobes du FN: "Dans le fond, Schultz a raison... Nos assistants ne travaillent pas pour l'Union européenne mais contre elle!".
(Voir ci-dessous le communiqué du Parlement européen à l'intention de l'Olaf):
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