Une baisse de la perception positive de la démocratie et du respect des libertés fondamentales en 2020
Les mesures prises en réponse à la pandémie COVID-19 ont provoqué un recul du respect des normes démocratiques de base et des droits de l'homme en 2020. Selon un rapport de l’ONG IDEA basée à Stockholm, la moitié des démocraties ont connu des restrictions de l'information et de la liberté d'expression sous prétexte de lutte contre la pandémie. Ces restrictions interviennent dans un contexte où les inégalités se renforcent, et où les jeunes générations sont de plus en plus méfiantes vis-à-vis des régimes démocratiques.
Le Covid a dégradé la participation citoyenne, la liberté d’expression et a augmenté la corruption dans le monde
Selon l'ONG IDEA, basée à Stockholm et spécialisée dans l’étude de l'état de la démocratie dans le monde, les mesures prises à travers le monde ont été problématiques pour la démocratie dans 90% des regimes autoritaires bien sûr, mais aussi, plus surprenant, dans 43% des pays démocratiques. Outre les limitations de déplacement, les mesures qui ont pu dégrader le respect des règles démocratiques sont les conséquences de ces limitations sur les processus électoraux ou de participation citoyenne.
La France n’est pas le plus mauvais élève à ce niveau, car par exemple, le fait d’avoir reporté les élections, rapidement simplifié et élargi le vote par procuration pour assurer la sécurité, est selon IDEA une bonne pratique democratique.
Le rapport d’IDEA cite plusieurs autres études qui signalent également une augmentation des faits de corruption pendant la pandémie. Selon le Global Monitor, le continent Américain présente la part la plus élevée de pays avec des cas de corruption présumés ou confirmés, bien que des cas aient aussi été signalés dans toutes les régions du monde. Le principal sujet de préoccupation provient des cas signalés concernent des irrégularités dans les processus d'achat et le paiement de matériel médical hors de prix.
Une crise de confiance envers les institutions démocratiques, et une vague de protestations
Dans le contexte actuel de désespoir qui émerge en raison de la pandémie et de la crise économique, le manque de confiance envers les institutions démocratiques peut rapidement se transformer en mobilisations citoyennes.
Selon le rapport IDEA, le monde a fait face à une vague de protestation qui a commencé en 2019, pour exiger des politiques plus équitables. Outre les gillets jaunes en France, des mouvements de protestations existent au Chili, en Colombie, et aux États-Unis, contre la corruption en Irak et au Liban et pour plus de démocratie en Algérie, en Guinée et au Soudan.
Bien que 96% des pays du monde aient imposé une forme de restriction à la liberté de réunion depuis le début de la pandémie, dans 80% des pays des manifestations ont eu lieu pendant la pandémie, malgré ces restrictions. Les sujets des manifestations ont varié, allant du mécontentement à l'égard de la gestion de la pandémie par le gouvernement, à la frustration face aux restrictions et aux préoccupations concernant la détérioration des conditions de vie en raison de la pandémie, jusqu'aux diverses préoccupations non liées à la pandémie, telles que la discrimination raciale (le mouvement Black Lives Matter). Cependant, dans certains cas, des manifestations ont été fortement réprimées par la police, dans des contextes démocratiques et non démocratiques.
La satisfaction à l'égard de la démocratie est en baisse chez les 18 à 34 ans
Malgré des manifestations pour soutenir la démocratie, selon une étude du Centre pour le Futur de la démocratie de l’Université de Cambridge, les inégalités entre les générations poussent les jeunes du monde entier à se montrer plus critiques du système democratique que toute autre génération.
Les jeunes nés entre 1981 et 1996 des 160 pays étudiés sont moins satisfaits de la démocratie que ne l’étaient leurs parents ou grands-parents à leur âge.
En effet, les trentenaires sont ceux qui ont vécu le plus fortement les conséquences de la crise de 2008. Au cours des 12 dernières années qui ont suivi la crise, le chômage élevé des jeunes et les inégalités de richesse ont causé ce que les chercheurs appellent «l’exclusion économique».
Le rapport explique que les jeunes générations ne se souviennent plus des anciennes dictatures, ni des batailles menées par leurs parents pour les libertés politiques.
Enfin, certaines preuves suggèrent que non seulement la satisfaction des jeunes, mais aussi le soutien des jeunes à la gouvernance démocratique a diminué.
Dans une enquête réalisée en 2017 pour la TUI Stiftung, par exemple, YouGov a constaté que près de la moitié des jeunes européens (48%) ne considèrent plus la démocratie comme la «meilleure forme de gouvernement», une majorité prenant cette position en France (58%) et en Italie (55%). La plupart des sceptiques affirment que la démocratie est «aussi bonne ou mauvaise» que les autres formes de gouvernement. En France, concrètement une augmentation de la satisfaction des jeunes au cours de la première année d’Emmanuel Macron a été suivie par les niveaux de satisfaction des jeunes les plus bas jamais enregistrés.
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