Pablo Iglesias Turrion, la voix de l'Espagne populaire
Les cheveux longs, une barbe de trois jours, la chemise ouverte et le poing levé. Le look de Pablo Iglesias, porte-parole du parti d'extrême-gauche Podemos ("Nous pouvons" en espagnol), tranche avec celui des hommes politiques espagnols des partis conventionnels. Son discours également. Même si il n'a pas le charisme d'un tribun, sa voix porte et se teinte d'accents de fermeté lorsqu'il dénonce les élites de son pays et se fait plus chaleureux alors qu'il harangue les classes populaires à "prendre leur destin en main".
"Notre progression est imparable; nous n’oublions pas que notre réel objectif est de prendre les commandes de ce pays" lançait-il au soir de la percée historique de son parti lors élections municipales et régionales qui se déroulaient dimanche 24. En effet, Podemos s'empare de la mairie de Barcelone et termine deuxième à Madrid où les socialiste du PSOE (Parti socialiste ouvrier espagnole) vont devoir gouverner avec eux. Dans 12 des 13 régions, Podemos se classe 3e dans les parlements régionaux
L'activisme de gauche, Pablo Iglesisas, né en 1978 à Madrid, le porte dans ses gènes comme le confirmait sa mère, avocate du travail, au quotidien El Pais "dans la famille, on lutte pour la classe ouvrière depuis le XIXe siècle. C’est dans cette ambiance à haut voltage politique qu’a grandi Pablo". En effet son arbre généalogique ne trompe pas, on y trouve: des députés de gauche, des condamnées à mort pour leurs idées politiques lors de la Guerre d'Espagne et la dictature franquiste, des militaires républicains et des juges. Ses parents l’ont d'ailleurs prénommé Pablo en l’honneur d’un autre Iglesias, Pablo Iglesias Posse, père du socialisme espagnol.
Militant dans l'âme, Pablo Iglesias adhère aux Jeunesses communistes à 14 ans. Licencié en droit en 2001 et en science politique en 2004 de l'université Complutense de Madrid, il y obtient un doctorat en sciences politiques en 2008 avec une thèse, intitulé "Désobéissants" portant sur l'action collective post-nationale et le zapatisme.
En janvier 2014, il participe à la conversion du mouvement citoyen des "Indignés" en force politique contestation avec la fondation du parti Podemos. A la différence des partis traditionnels, très hiérarchisés, la formation d'extrême-gauche s'inscrit dans la logique de la démocratie participative. Pablo Iglesias en devient rapidement le secrétaire général en se faisant élire par plus de 30.000 sympathisants (soit 80% des suffrages).
Dans les meetings de Podemos, il n'est pas rare de voir fleurir les drapeaux rouge, jaune et violet de la République espagnole et d'entendre les vieilles chansons de la Guerre civile. Cependant, fini le "No Pasaran"', puisque maintenant, le rapport de force c'est inversé, c'est à Podemos de passer. Le discours se veut farouchement anticapitaliste, contre l'austérité et s'adresse aux classes moyennes espagnoles appauvries et aux victimes de la crise économique.
En seulement quatre mois, Podemos, qui s'est enregistré en mai 2014 comme parti politique pour pouvoir participer aux élections européennes devient la 4e force politique du pays. Plus de 1,2 millions d'Espagnol ont voté pour la formation aux européennes, envoyant 5 députés de Podemos au Parlement européen dont Pablo Iglesias.
Les élections législatives espagnoles qui se tiendront le 20 décembre pourraient permettre à Podemos et à son leader Pablo Iglesias d'envisager un scénario de type Syriza en Grèce et ainsi obtenir, moins de deux ans après sa création, le pouvoir en Espagne. Si cela relève encore de l'hypothèse, il est par contre évident que Pablo Iglesias sera de la campagne et se dépensera sans compter pour faire entendre la voix de l'Espagne des "oubliés", le poing levé.
Par Maxime Macé
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