Pêche électrique : comment ça marche
Le Parlement européen a rejeté ce mardi 16 la pratique de la pêche électrique, que la Commission européenne proposait d'autoriser dans certains cas dérogatoires. Cette technique est en effet l'enjeu d'un virulent débat sur son impact écologique.
La pêche électrique, ou plutôt la "pêche au chalut à impulsion" est interdite dans l'Union européenne depuis 1998 mais toléré aux Pays-Bas à titre d'expérimentation. Inventée en 1992, elle consiste à envoyer un courant électrique d'environ 10 volts à travers des électrodes placés à l'avant du filet.
Voir: Le Parlement européen demande l'interdiction de la pêche électrique
Cette méthode est notamment utilisée pour pêcher la sole et autres poissons plats qui se tapissent dans le sable. Pour ses défenseurs, le courant électrique qui étourdit les poissons et les fait ainsi sortir de leur cachette permet aux pêcheurs de ne pas avoir à racler les fonds marins.
Une technique qui serait non-seulement moins destructrice mais aussi plus écologique puisque les pêches sont ainsi plus efficaces, plus courtes et donc moins énergivores et polluantes. Par ailleurs, le nombre de prises d'ordinaires rejetées à la mer serait bien moindre.
Mais les défenseurs de l'environnement dénoncent de graves effets pervers de cette méthode. En premier lieu des séquelles graves sur les poissons (fractures de la colonne, ecchymoses, brûlures selon l'ONG Bloom). Les impacts sur les espèces non-pêchées, l'environnement marin et les cycles de reproduction sont également pointés du doigt, de même que les conséquences d'une "efficacité" qui conduirait à la surpêche des poissons plats.
Par ailleurs, l'UE est accusée d'avoir cédé aux lobbys de la pêche industrielle en accordant ce statut de pêche expérimentale contre les recommandations de ses propres organes scientifiques.
Voir: Pêche industrielle, l'UE accusée d'avoir cédé à des lobbies
Du côté des scientifiques justement, aucun consensus ne se dégage pour l'instant à part celui de l'appel à la prudence. En effet, ils manquent cruellement de données pour étudier les différents impact de la pêche électrique. Nombreux sont donc ceux qui appellent au respect du principe de précaution.
Déjà dans son avis de décembre 2006, le Comité scientifique de l'UE mettait en garde contre "un certain nombre de problèmes qui doivent être résolus avant que toute dérogation puisse être accordée". Une logique que semblent avoir suivi les eurodéputés ce mardi.
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