Rohingyas en Birmanie : Amnesty international dénonce des crimes contre l'humanité dans un rapport accablant
Ce qui est depuis plusieurs mois présenté comme la "crise" des Rohingyas en Birmanie n'est ni plus ni moins qu'un crime contre l'humanité, dénonce dans un rapport dévoilé ce mercredi 18 Amnesty International. Dans ce document intitulé "Mon monde est fini: les Rohingyas cibles de crimes contre l'humanité au Myanmar (autre nom du pays, NDLR)", l'ONG évoque les déplacement de populations, meurtres, destructions de village, les viols, les populations affamées et autres persécutions, à grand renfort de témoignages.
Des éléments qui selon elle ne peuvent amener qu' à une conclusion: les forces de sécurité birmanes se livrent à "une campagne de répression systématique planifiée et impitoyable", "une vengeance brutale contre l'ensemble de la population rohingya du nord de l'État d'Arakan, en vue de lui faire quitter définitivement le pays" . Ce qui constitue un crime contre l'humanité au regarde des règles définies par la Cour pénale internationale.
"Fatima, 12 ans, a raconté qu'elle se trouvait chez elle avec ses parents, huit frères et sœurs et sa grand-mère, lorsqu'elle a vu de la fumée monter d'une autre partie du village. Alors que la famille prenait la fuite, des hommes en uniforme leur ont tiré dessus par derrière. Elle a vu son père et sa sœur de 10 ans tomber sous les balles", raconte ce rapport sans concession. Il rapporte également les témoignages de femmes disant avoir vu leurs enfants battus à mort, avant que les soldats ne les violent.
"Les responsables présumés doivent rendre des comptes. L'armée du Myanmar ne peut pas se contenter de balayer les graves violations sous le tapis en annonçant pour la forme une énième enquête interne. Le commandant en chef de l'armée du Myanmar, le général Min Aung Hlaing, doit prendre immédiatement des mesures afin d'empêcher ses troupes de commettre des atrocités", affirme Tirana Hassan, directrice du programme Réaction aux crises à Amnesty International.
L'ONG demande que la Mission d'établissement des faits de l'ONU et des observateurs indépendants puissent se rendre librement dans la région. Les Nations-Unies avaient déjà parlé d'"épuration ethnique ".
Officiellement, ces "opérations" sont une réaction à l'attaque menée fin août par l'Armée de secours des Rohingyas de l'Arakan (Asra), une milice armée, et qui ont fait 12 morts parmi les militaires. Mais les ONG dénoncent un prétexte permettant à l'armée -encore très autonome et puissante depuis la chute de la junte en 2011- de décimer cette population musulmane dans un pays à 90% bouddhiste, considérée comme apatride par les autorités et traitée en conséquence. Près de 600.000 Rohingyas se sont réfugiés au Bangladesh depuis le début de cette nouvelle flambée de violences.
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