Syrie - La Ghouta orientale : le scénario de la sanglante reconquête d'Alep se répète

Auteur(s)
Maxime Macé
Publié le 21 février 2018 - 11:59
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Bombardement de l'armée syrienne sur Hammouriyé, dans la Ghouta orientale, le 20 février 2018
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© ABDULMONAM EASSA / AFP
Les bombes du régime syrien tombent sans discontinuer sur le fief rebelle de la Ghouta orientale.
© ABDULMONAM EASSA / AFP
Pour la quatrième journée consécutive, les avions du régime ont largué bombes et barils d'explosifs sur le fief rebelle de la Ghouta orientale près de Damas. L'acharnement du régime, à matraquer la poche où s'entassent encore près de 350.000 personnes, laisse craindre la répétition de la sanglante reprise des quartiers est d'Alep fin 2016.

Le verger de Damas s'est transformé en zone de mort. La Ghouta orientale, bastion rebelle situé à l'est de la capitale syrienne, est assiégée depuis cinq ans par les forces loyalistes fidèles. Depuis quatre jours, les raids aériens et les tirs d'artillerie se sont intensifiés contre cette zone qui défie le pouvoir de Bachar al-Assad.

Il ne fait guère de doute que ces frappes importantes sont le prélude à une offensive terrestre de grande ampleur contre la Ghouta où vivent encore près de 350.000 personnes dans une extrême précarité. Ainsi, l'Unicef a dénoncé la pire crise de malnutrition depuis le début de la guerre en 2011, avec 11,9% des enfants de moins de cinq ans souffrant de sévère malnutrition.

Lire aussi - Syrie: le régime reste déterminé à reprendre l'enclave rebelle de la Ghouta

Pour mener à bien cette attaque d'envergure contre ce bastion rebelle, les forces de Bachar al-Assad et de son allié emploient la même stratégie que celle utilisée lors de la dernière offensive contre les quartiers rebelles d'Alep fin 2016: une campagne de bombardement de grande ampleur, qui frappe indistinctement les objectifs civils et militaires, couplée à un strict blocus de la région.

Outre leurs bombes, les avions du régime de Damas ont largué ce mercredi 21 des barils explosifs sur les localités d'Arbine et d'Aïn Tourma, une arme qui tue de manière aveugle et dont l'utilisation est dénoncée par l'ONU et des ONG internationales. Depuis dimanche, plus de 250 civils, dont près de 60 enfants, ont été tués dans la Ghouta orientale et des centaines blessés, selon l'OSDH, qui s'appuie sur un vaste réseau de sources dans le pays en guerre. Plusieurs hôpitaux ont été mis hors service alors que les destructions matérielles sont énormes.

Sur le même sujet - Le régime syrien bombarde sans cesse un fief rebelle malgré les protestations

Les Tiger Forces (lire ici la présentation qui en est faite par Matteo Puxton, spécialiste du conflit syrien, pour France-Soir), unité d'élite de l'armée syrienne et fer de lance de la reconquête des quartiers-est d'Alep, viennent d'être déployés dans la région. La présence de combattants du Hezbollah libanais a également été confirmée sur place en plus des forces régulières du régime et des milices paramilitaires.

La poche est défendue principalement par deux organisations rebelles, les islamistes de Jaych al-Islam et Faylaq al-Rahmane, principal groupe affilié à l'Armée syrienne libre dans la région. Toutefois, en plus de lutter contre le régime, ces deux groupes se sont affrontés également régulièrement dans des affrontements sporadiques. Les rebelles, qui revendiquent près de 20.000 soldats dans leurs rangs, se sont déclarés capables de résister à l'offensive d'Assad. Un discours déjà tenu, en vain, par les combattants des quartiers-est d'Alep. Quant aux civils, ils se terrent chez eux et dans les rares abris encore sûrs de la poche.

Si la bataille d'Alep avait pris fin à la faveur d'une capitulation des forces rebelles, qui avait abouti sur un accord d'évacuation de civils et de combattants avec le régime, sous la houlette de la Russie et de la Turquie, vers la province d'Idlib, ce scénario semble difficilement reproductible dans la Ghouta même si le ministre de la Défense russe l'a évoqué. En effet, si Alep et Idlib sont relativement proches géographiquement, les zones d'envergure encore tenues par les rebelles se trouvent très loin de la Ghouta et rejoindre Idlib dans les fameux bus verts du régime reviendrait à quitter une zone de guerre pour une autre.

Voir également - Alep: une évacuation difficile pour un avenir incertain

Le chef de la diplomatie française, Jean-Yves le Drian, a dit craindre "un cataclysme humanitaire" en Syrie et a annoncé qu'il se rendrait à Moscou et à Téhéran, les deux principaux appuis du président Assad.

Néanmoins, la communauté internationale semble une nouvelle fois impuissante à empêcher les forces de Bachar al-Assad de perpétrer un nouveau carnage contre une zone rebelle, comme elle a été incapable d'empêcher la sanglante reprise des quartiers rebelles d'Alep. Les admonestations diplomatiques n'ont, depuis le début du conflit syrien, jamais empêché les bombes de tomber du ciel.

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