Trump menace de libérer les djihadistes européens dans leurs pays respectifs
Dans une déclaration particulièrement tapageuse, Donald Trump a menacé jeudi 1er août les Européens de libérer les djihadistes étrangers dans leurs pays respectifs si ceux-ci n'étaient pas rapatriés du Kurdistan où ils sont détenus. Derrière cette provocation, l'épineux cas de la gestion des combattants de l'EI capturés lors de la chute du califat.
La menace a tout l'air d'un effet d'annonce pour faire avancer ce dossier épineux, il n'en reste pas moins que la déclaration est plutôt provocatrice. Lors d'un point presse tenu par Donald Trump jeudi à la Maison-Blanche, le président américain a exhorté ses alliés européens à rapatrier leurs ressortissants partis faire le djihad dans les rangs de l'Etat islamique actuellement détenus par les Forces démocratiques syriennes (coalition arabo-kurde).
Et le moins que l'on puisse dire c'est que Donald Trump n'a pas déroger à son habitude des déclarations tapageuses et polémiques. "Nous souhaitons que l’Europe reprenne 2.500 djihadistes de Daech, qu’ils retournent en Europe: en France, en Allemagne, dans d’autres endroits. Si elle ne les prend pas, nous devrons probablement les relâcher en Europe", a-t-il assène dans une menace à peine voilée.
TRUMP: "We have thousands of ISIS fighters that we want Europe to take, and let's see if they take them. If they don't take them, we'll probably have to release them to Europe." pic.twitter.com/0ORZSccydJ
— Aaron Rupar (@atrupar) August 1, 2019
Et d'ajouter: "Les pays européens n’aident pas, même si cela a été fait pour leur bien. Ils refusent de reprendre les prisonniers de leurs pays respectifs".
Les Forces démocratiques syriennes détiennent plusieurs milliers de djihadistes de l'Etat islamique dont une grande partie a été capturé lors de la chute du dernier réduit territoriale de l'organisation terroriste à Baghouz dans le sud-est de la Syrie. Parmi les combattants de l'EI détenus figurent quelques 2.000 ressortissants étrangers à la zone irako-syrienne venant de plus de 50 pays différents.
Si les Etats-Unis et la Russie œuvrent à rapatrier leurs djihadistes, les Européens rechignent à le faire, dans un contexte de forte hostilité de l'opinion publique et craignant une radicalisation encore plus importante au sein de leurs prisons.
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Jeudi toujours, le coordinateur du contre-terrorisme au département d'État américain, Nathan Sales a fait savoir que ces djihadistes n'ont pas renoncé à leur idéologie et "nous avons tous pour obligation de les empêcher de revenir sur le champ de bataille". Et d'ajouter: "la manière la plus efficace pour cela, c'est que leur pays d'origine rapatrie ses citoyens et les juge pour les crimes qu'ils ont commis", visant au passage les Européens.
Après plusieurs mois passer à réclamer à la France qu'elle reprenne les combattants français de l'EI, les autorités kurdes syriennes ont finalement changé leur fusil d'épaule au début du mois de juillet, se disant désormais disposées à les juger sur place. Le tout en échange d’une assistance juridique et d’une aide financière.
"On ne souhaite plus le retour des djihadistes étrangers dans leur pays comme avant. Ni le transfert vers l’Irak, comme cela a pu se passer, car nous sommes contre la peine de mort. Nous voulons que la France donne de l’argent pour la gestion du jugement des prisonniers. C’est ce qui est ressorti des rencontres à l’Élysée", a fait savoir Berivan Khaled, coprésidente du gouvernement provisoire de la Fédération du Nord-Est syrien Selon les autorités françaises, 450 hommes, femmes et enfants français seraient détenus dans diverses camps et prisons au Rojava (Kurdistan syrien).
Voir:
Irak: deux djihadistes français auraient été torturés pour des aveux
Syrie: la France va "très probablement" rapatrier des orphelins de djihadistes
Syrie: la France s'apprête à rapatrier 130 djihadistes français
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