Vives tensions entre l'Iran et l'Arabie saoudite après l'exécution d'un chef religieux chiite
L’Arabie saoudite a annoncé samedi 2 janvier l’exécution de 47 personnes condamnées pour "terrorisme". Parmi les suppliciés figure un haut dignitaire religieux chiite, le cheikh Nimr Baqer al-Nimr. Une exécution profondément symbolique qui n'a pas tardé à mettre de l'huile sur le feu dans les relations en le royaume wahhabite et la puissance chiite de la région et rivale de Ryad, l'Iran.
"Le gouvernement saoudien soutient d'un côté les mouvements terroristes et extrémistes et dans le même temps utilise le langage de la répression et la peine de mort contre ses opposants intérieurs (...) il paiera un prix élevé pour ces politiques", s’est emporté le ministre iranien des Affaires étrangères Hossein Jaber Ansari. L'ambassade d'Arabie saoudite à Téhéran a ainsi été en partie incendiée par des manifestants dans la nuit de samedi à ce dimanche 3. Certains ont lancé des cocktails molotov contre le bâtiment et d'autres ont réussi à pénétrer à l'intérieur. Ce dimanche matin, c'est le guide suprême iranien en personne, l'ayatollah Ali Khamenei, qui a appelé à la vengeance de la mort de Nimr Baqer al-Nimr.
"Sans aucun doute, le sang de ce martyr versé injustement portera ses fruits et la main divine le vengera des dirigeants saoudiens", a-t-il déclaré lors d'un discours devant des religieux. "Ce savant opprimé n'a ni encouragé les gens à prendre les armes ni comploté de manière secrète, il a seulement porté ouvertement des critiques", a ajouté Ali Khamenei. "Dieu ne pardonnera pas le sang versé de cet innocent", a-t-il martelé
Le président iranien, Hassan Rouhani, a tweeté: "par la présente , je condamne l'exécution du cheik al-Nimr et j'envoie mes condoléances à sa famille et au monde musulman. Cet acte viole les droits de l'homme et les valeurs islamiques".
Suite aux déclarations de la diplomatie iranienne, les autorités saoudiennes ont aussitôt convoqué l’ambassadeur iranien.
La mise à mort du cheik al-Nimr promet d’attiser les haines confessionnelles au Moyen-Orient et d’accroître les tensions entre l’Iran et le royaume wahhabite, qui s'opposent déjà, par alliés interposés, en Syrie et au Yémen, et donc de nuire aux efforts, récemment relancés, pour régler ces deux conflits. En effet, l'Iran soutient le président Bachar al-Assad tandis que l'Arabie saoudite soutient la coalition internationale. Autre terrain de tension: le Yemen où les Saoudiens s'en prennent aux rebelles chiites soutenus par Téhéran.
Parmi les personnes exécutées samedi figurent aussi des djihadistes sunnites condamnés pour leur implication dans des attentats meurtriers revendiqués par le groupe Al-Qaïda de feu Oussama ben Laden en 2003 et 2004. Les 47 exécutions sont les premières de l'année 2016 dans ce royaume ultraconservateur qui avait mis à mort 153 personnes l'année dernière. A noter que l'Arabie saoudite joue un rôle prépondérant à la tête du groupe consultatif du Conseil des droits de l'homme de l'ONU.
Les Etats-Unis se sont dits inquiet que les "tensions communautaires" en Arabie saoudite ne "s'exacerbent à un moment où il est urgent de les apaiser".
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