Christine Lagarde sous la surveillance des marchés
Christine Lagarde le sait, le moindre faux pas, la moindre fausse note de sa part risquent de faire dégringoler la cote sur les marchés financiers.
La présidente de la Banque centrale européenne a beau être, pour la deuxième année consécutive, juste derrière Angela Merkel, la « femme la plus puissante du monde », selon le magazine américain Forbes, elle n’en reste pas moins soumise au verdict des marchés financiers.
La conférence de presse qu’elle a tenue hier en témoigne : la présidente de la BCE ne pouvait pas ne pas manquer son rendez-vous avec la presse, et elle ne pouvait pas ne pas annoncer une nouvelle rallonge de 500 milliards d’euros de rachats de dettes publiques. Cette bagatelle vient s’ajouter aux hénaurmes 1850 milliards déjà engagés, soit une augmentation de 27%. C’est que la Banque centrale européenne doit continuer à ingurgiter de la dette publique, sauf à encourir une hausse des taux d’intérêt qui serait fatale non seulement à nos Etats super-endettés mais aussi aux marchés boursiers qui interpréteraient cette hausse comme le signal que la « fête » est finie. Pour ne rien dire des dettes privées qui atteignent des sommes colossales...
Comme le programme de rachats de dettes publiques est prolongé jusqu'en mars 2022 - pourquoi cette échéance ? et pourquoi serait-elle tenue ? on ne nous le dit pas, on a encore le temps d’augmenter encore et encore des rachats qui, soit dit en passant, sont autant de viols des statuts de la même Banque centrale européenne.
"Les données qui nous parviennent et les projections de nos équipes suggèrent un impact plus prononcé de la pandémie sur l'économie à court terme et une faiblesse de l'inflation plus prolongée qu'anticipé précédemment", a déclaré benoîtement Christine Lagarde.
L’aveu est de taille. Il est double. Non seulement on reconnaît une fois de plus que le coronavirus se joue des prévisions économiques des « experts » de la BCE – pas mieux outillés que les autres pour deviner l’avenir - , mais on se lamente de ce que la hausse des prix n’est pas assez forte. La présidente d’une institution, censée être la gardienne de la monnaie, regrette que le pouvoir d’achat de l’euro se maintienne.
Mme Lagarde insiste sur ce point. Elle veut, dit-elle « contrer le choc négatif de la pandémie sur l'évolution de l'inflation ». Ce méchant virus protégerait notre porte-monnaie ! Il faudrait l’en empêcher, et le seul moyen est de faire fonctionner encore un peu plus vite la planche à billets. Et d’en rajouter sur ce thème délétère : "L'inflation globale restera probablement négative jusqu'au début de 2021", regrette-t-elle dans son indécrottable jargon. Inflation négative, cela veut dire tout bêtement baisse des prix – et donc hausse du pouvoir d’achat du citoyen lambda. Horrible perspective pour Mme Lagarde, juchée au sommet de la pyramide financière européenne !
Dans le sous-entendu de ces étranges propos, il y a certes la guerre des changes que se livre le dollar et l’euro. Au-dessus de 1,2 $, l’euro est à son plus haut niveau depuis six mois, et cela donne des sueurs froides à la présidente de la BCE, mise sous pression par les industriels du Vieux Continent qui redoutent des difficultés pour leurs exportations.
Or, il ne faut pas attendre de Joe Biden, s'il s'installe à la Maison Blanche, un comportement plus accommodant en matière de change que celui de Donald Trump – même si à terme on s’accorde à prévoir que les Etats-Unis se sortiront de la catastrophe actuelle plus vite et mieux que l’Europe, et que le dollar devrait remonter en conséquence.
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