Combien la grève coûte-t-elle à l’économie ?
Lancée le 5 décembre, la mobilisation interprofessionnelle contre la réforme des retraites, pour laquelle les français sont majoritairement solidaires, a un coût réel. Pour l’économie française d’abord mais aussi pour les Français. A combien s’élèvent ces pertes et seront-elles compensées ?
Le coût d’une journée de grève se chiffre de deux manières. Au niveau macroéconomique d’abord, elles s'élèveraient à environ 400 millions d’euros d'après la Confédération des petites et moyennes entreprises (CGPME). Selon son président François Asselin, qui s’est exprimé au micro de BFM Business le 4 décembre, la facture est particulièrement élevée pour la région Ile-de-France, centre économique du pays particulièrement impacté par la quasi-immobilisation des transports en commun: environ 200 millions d’euros par jour de grève massive.
La grève a impact direct sur le budget des Français
Selon Frédéric Donand, professeur d’économie de l’Université Paris Dauphine, le coût serait plus élevé encore : environ 500 millions d’euros par Jour. Car une grève coûte également de l’argent à chaque Français impacté. Lorsqu’un travailleur doit prendre sa voiture au lieu du train ou du métro pour aller travailler, il doit payer l'essence, le stationnement et voit sa voiture s'user plus rapidement. Lorsqu’une école est fermée ou un enseignant absent, les parents doivent s’organiser pour garder leur enfant. Cela se traduit souvent par un jour de congé payé ou sans solde. Le coût est également réel pour un travailleur indépendant qui perd plusieurs heures dans les embouteillages pour honorer un rendez-vous. Au final, c’est bien le budget mensuel des foyers qui est amputé.
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Les commerçants pourraient être en difficulté si la grève dure jusqu'à Noël
Au niveau macro-économique, les pertes pourront être en partie compensées, certains achats seront en effet différés. En revanche, si la grève dure, certaines entreprises perdront irrémédiablement du chiffre d’affaires et risquent de se retrouver en difficulté : décembre est en effet une période cruciale pour de nombreux commerçants. Selon la Chambre de commerce et d’industrie de Paris, la première semaine de mobilisation a entraîné une baisse d’activité de 30 à 50% dans les magasins de la capitale. Si elle n’est pas trop perturbée, la semaine du 14 décembre devrait permettre de rattraper le retard. Selon le délégué général de Procos, la fédération des enseignes spécialisées, Emmanuel Le Roch, des perturbations jusqu’à Noël seraient en revanche « catastrophiques pour les commerçants. Le secteur est déjà très affaibli par l’année passée (la crise des Gilets Jaunes avait déjà perturbé les achats de Noël, ndlr). Certains commerces n’y survivront pas. » A noter cependant, comme le rappelait la secrétaire d’État à l’Économie Agnès Pannier-Runacher sur CNews, que le gouvernement a mis en place l'année dernière un « arsenal de mesures » pour les commerçants : il comprend par exemple la possibilité « de différer le paiement de certaines charges fiscales et sociales de façon à [leur] redonner de la trésorerie . »
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