Crédit, paiement différé : Apple se transforme en banque, malgré les critiques
Apple est devenu un des acteurs les plus puissants au monde, non seulement dans les secteurs de l’informatique et de l'électronique, mais aussi dans le secteur financier. En septembre dernier, Apple Pay, le service de paiement dématérialisé d’Apple, a dépassé Mastercard dans le classement des systèmes de paiement dématérialisés. Cela témoigne de la popularité de la marque comme acteur financier. La possibilité pour Apple de fournir toute une série de services financiers (achat fractionné, crédit, et compte d'épargne), est source de préoccupations, non seulement par rapport à la concentration du pouvoir d’Apple, mais aussi concernant les conséquences pour le marché des entreprises financières, ou la gestion des données des clients.
Apple Pay Late donnera à Apple un rôle beaucoup plus important dans les services financiers
Le fabricant d'iPhone a annoncé en juin dernier son intention de lancer le service Apple Pay Late, qui permet aux utilisateurs de payer en quatre versements égaux, payés mensuellement sans intérêt. Apple a déclaré gérer les prêts et les vérifications de crédit pour Apple Pay Later via une filiale interne. Cette décision marque une étape importante pour le géant du net qui va lui donner une place beaucoup plus importante dans les services financiers qu'à l’heure actuelle.
Prêts, paiement fractionné, des services qui mettent en danger les startups de la Fintech
Mises en difficulté par la crise économique, l’inflation et des taux d'intérêt plus élevés, des entreprises comme PayPal, et Klarna risqueraient d'être mises à mort par l'arrivée d’Apple, un acteur pesant plus de 2 milliards de dollars. Bloomberg signale que cette nouveauté d’Apple arrive à un moment où les startups vivent leur pire crise. Klarna par exemple, a licencié 10% de sa main-d'œuvre mondiale, blâmant la guerre en Ukraine. Ken Serdons, directeur commercial de la start-up néerlandaise de paiements Mollie, a déclaré qu’avec Apple Pay Late, "il sera difficile pour les acteurs avec une proposition inférieure à la moyenne de rivaliser efficacement avec les meilleurs".
Les régulateurs s'inquiètent de la présence d’Apple dans le secteur financier
D’après Bloomberg, Apple entend bien étendre cette activité aux services aux clients : calcul et comparateur de taux d’intérêts, récompense de fidélité pour des services ou analyse de fraude bancaire. Du côté du client, cela pose tout de même des questions sur la protection de la vie privée, notamment concernant les informations de santé de l’utilisateur que la firme collecte déjà grâce à l’Apple Watch. Le site Fandroid s’interroge sur la possibilité d’Apple d’aller jusqu’à demander directement ce qu’elle sait des données de santé du client avant de lui proposer un crédit. Selon le Financial Times, l’organisme de régulation britannique, le Consumer Financial Protection Bureau (CFPB), a lancé une enquête et se pose déjà des questions concernant l’utilisation possible des données de l'historique de navigation et l'historique de géolocalisation à l'insu des clients.
Bientôt des services financiers Apple en France ?
Pour être adopté en dehors des États-Unis, Apple Financing doit se mettre en conformité avec les autorités de chaque région. En France, des questions déjà soulevées au Royaume-Uni, notamment concernant un éventuel monopole, et la confidentialité, pourraient bloquer ce type de service. Selon une récente enquête du comparateur Panorabanques et de l’institut poll&roll, les Français ne sont pas de grands adeptes du paiement par mobile, ce qui explique la faible popularité d’Apple Pay. Malgré une hausse du paiement sans contact, en partie liée à la crise sanitaire, les solutions plus classiques telles que les chèques, sont encore plébiscitées.
D’autres acteurs risquent néanmoins de rendre le secteur des services financiers plus flou
Apple ne sera pas la seule Big Tech à intégrer le marché des services financiers. D’autres acteurs puissants proposent déjà ce type de service, comme les supermarchés et les télécoms, qui offrent toutes sortes de solutions de financement, d'assurance et même d'épargne, rendant le secteur des services financiers de plus en plus flou, et la tendance risque de s’aggraver. D’un côté en raison de la recherche de services de plus en plus exigeants technologiquement et d’un autre côté à cause du pouvoir de la marque à susciter un sentiment d’empathie et de fiabilité auprès des clients. Selon Forrester, 40 % de la force d'une marque financière provient de sa capacité à susciter et à activer des émotions.
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