Quatre ministres, un secrétaire d’Etat et une quarantaine de minutes de présentation pour le plan de relance français, d’un montant de 100 milliards d’euros.
Le premier ministre Jean Castex et les ministres concernés par les trois volets du plan de relance ne sont pas entrés dans les détails – on a appris par exemple au détour d’une question que la Prime Renov pour la rénovation énergétique des bâtiments sera ouverte à tous les particuliers au 1er janvier 2021.
La présentation de l’ainsi baptisé France Relance, calée entre un conseil des ministres et une visite dans une entreprise vosgienne dans la filière bois, a surtout été une litanie de chiffres sur la ventilation des 100 milliards d’euros.
En préambule, Jean Castex a néanmoins insisté sur l’ampleur de ce plan de relance, « le plus massif parmi les grands pays européens » et d’une ampleur « quatre fois plus importante que celui de 2008 ». L’objectif est clair : retrouver dès 2022 le niveau économique d’avant crise sanitaire.
Priorité à l’emploi
La bataille de l’emploi, et notamment celui des jeunes, étant la mère de toutes les batailles de France Relance, une large part de l’enveloppe sera accordée aux entreprises, dont « 35 milliards pour la compétitivité et l’innovation ».
Bruno Le Maire a annoncé sans surprise une baisse de 10 milliards d’euros de l’impôt de production et de 3 milliards d’euros d’impôts fonciers pour les établissements industriels.
Quant aux entreprises qui voudraient relocaliser leur production, à condition qu’elles fassent partie des « onze marchés clés identifiés », pour reprendre les mots de Bruno Le Maire, elles bénéficieront d’un milliard de subventions directes via des appels à projet. Le marché des batteries de véhicules électriques a été cité en exemple et conduit tout droit vers le deuxième volet du plan de relance : la transition écologique.
Et à la transition écologique
Bruno Le Maire a donc cédé le pupitre à Barbara Pompili, la ministre de la Transition écologique parlant d’entrée de jeu d’
« Un pas de géant pour la transition écologique en France »
30 milliards d’euros seront dédiés à cette transition écologique, dont 11 milliards pour les transports (et notamment le ferroviaire avec les petites lignes et le fret), 9 milliards pour la transition des entreprises, 6,7 milliards pour la rénovation énergétique des bâtiments, 2 milliards pour l’économie circulaire, et enfin 1,2 milliard pour l’alimentation et l’agriculture.
Il s’agit de viser en priorité les secteurs actuellement les plus polluants, mais aussi de soutenir les filières d’avenir comme le bois et l’hydrogène vert.
Jeunes et compétences
Le troisième volet de France Relance prend le nom « cohésion sociale et territoriale », mais l’emploi et l’économie en sont là encore les moteurs. D’un montant globale de 35 milliards d’euros, il a d’ailleurs été présenté par Elisabeth Borne.
La ministre du Travail a à son tour égrené un ensemble de mesures – et d’enveloppes. Le plan Jeunes, présenté en juillet et d’un montant de 7,6 milliards ambitionne « d’apporter une solution adaptée à chaque situation » en concertation avec les acteurs locaux.
Prime à l’embauche des alternants (apprentis ou contrats de professionnalisation), 100 000 services civiques universels, 200 000 formations qualifiantes ou encore 300 000 parcours d’insertion : chaque jeune pourra, selon la ministre, trouver une réponse.
Ce volet du plan de relance entend également protéger l’emploi existant en incitant les entreprises à ne pas licencier avec « l’activité partielle longue durée » en cas de baisse d’activité, financée à hauteur de 7,6 milliards d’euros.
Il s’agit, enfin, « d’armer les entreprises avec les compétences dont elles ont besoin » en investissant dans la formation dans des filières d’avenir. Les Régions joueront ici un grand rôle puisqu’elles auront en charge la programmation de ce plan d’investissement.
Quels financements ?
Les grands traits du Plan de relance ont donc été effectivement dessinés ce jeudi, bien que de nombreuses questions subsistent, sur le calendrier, sur le financement, sur les contrôles, par exemple. Certains investissements seront décidés, on l’a vu, au niveau régional. Les parlementaires seront à priori chargés de décider des contreparties demandées aux entreprises qui bénéficieront d’aides….
Enfin si le premier ministre a assuré qu’il n’y aurait pas de hausse d’impôts pour financer ce plan de relance, on n’en sait pas davantage. Le gouvernement annonce que 40% des 100 milliards seront apportés par l’Europe. Mais rien n’est encore sûr dans les faits.
Les prochains jours devraient apporter quelques précisions sur toutes ces questions.