INFO ou INFOX de Samira El Gadir en plein 20h sur TF1 ?

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Le Collectif Citoyen pour FranceSoir
Publié le 20 septembre 2020 - 22:10
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Info ou infox
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FranceSoir
INFO ou INFOX de Samira El Gadir en plein 20h sur TF1 ?
FranceSoir

Un tweet et une interview de Samira el Gadir par Anne-Claire Coudray dans le journal de 20h de TF1 a réveillé la toile et les réseaux sociaux ce dimanche.

Cela a commencé par un message sur les réseaux sociaux qui proposait de faire un point sur l’hydroxychloroquine dans le journal de 20H de samedi soir sur TF1.

Le but de son intervention est de valider la déclaration du professeur Didier Raoult lors de son audition au Sénat

« qui estimait qu’il y avait 4,6 milliards de gens qui vivaient dans des pays qui recommandaient ou on disait vous pouvez utiliser l’hydroxychloroquine. »

Pour valider cette information, TF1 et Samira El Gadir s’appuient sur le travail d’un doctorant Nathan Peiffer Smadja qui s’est illustré récemment dans une étude de type "méta analyse" contestée par bien des médecins et chercheurs, ou par ses prises de position anti Raoult sur internet.

Sur la base de cette analyse, a une heure de grande écoute, Samira El Gadir affirme que seulement 1,5 milliards de personnes vivent dans des pays qui recommandent l’hydroxychloroquine.

Puis elle présente une carte du monde qui démontre son propos.  Toutes ces informations sont bien sur basées sur une analyse externe à TF1 qui aura été validée par leur service de "vérification".

Elle affirme même que la Chine déconseille l’hydroxychloroquine.

Tout ceci pour conclure que cela ne valide les déclarations du professeur Raoult.

 

Dans toute intervention média, il y a bien sur la forme et le fond à prendre en considération.

Sur le fond c’est-à-dire les données

Samira El Gadir utilise les données de l’analyse faite par Peiffer Smadja. En présentant ces données on peut vraisemblablement faire l’hypothèse qu’elle a effectué son travail et validé les données ainsi que la date de publication des décisions des divers états sur l’hydroxychloroquine.

En effet les pays ont eu des recommandations thérapeutiques au sujet de l’hydroxychloroquine plus ou moins claires et certains ont été plus affectés que d’autres par l’étude viciée du Lancet qui a jeté un froid de par le globe. Ceci est une instrumentalisation de la science de manière frauduleuse qui a entrainé les pays à suspendre ou interdire la prescription ou la délivrance d’hydroxychloroquine.  Il y avait donc deux points à vérifier, les sources des données et les dates. 

Sur les sources, en cliquant sur certains des liens de l’étude de Peiffer Smadja, on s’aperçoit que les liens ne marchent pas ou bien que certaines données datent d’avant, ou pendant la période du #LancetGate.  Il y a donc beaucoup à redire sur la fiabilité des données.

Sur les décisions des divers Etats, nous ne prendrons que quelques exemples :

La Chine, est indiquée en rouge comme ne prescrivant pas l’hydroxychloroquine.  Il est effectivement correct que la Chine n’a pas recommandé l’hydroxychloroquine, mais la chloroquine et ceci dès le début de l’épidémie.  L’hydroxychloroquine, est un dérivé proche de la chloroquine, qui a été recommandé par l’IHU du professeur Raoult car elle présentait une toxicité moindre. La Chine compte 1,49 milliards de personnes, et Samira El Gardir aurait dû considérer la chloroquine et questionner l’analyse de Peiffer avant de la publier. Le chiffre annoncé de 1.5 milliards aurait donc été doublé.

De plus elle présente la Russie en jaune (comme étant un pays neutre) alors que depuis le début l’hydroxychloroquine ou la chloroquine sont recommandées par le gouvernement Russe pour les malades légers et modérés ainsi qu'en en prophylaxie comme en témoignent d'ailleurs la source citée par Mr Peiffer Smadja (au point que l'on peut se demander si ce monsieur a vraiment lu les documents). Pour le Brésil, idem, le gouvernement a officiellement recommandé son usage entrainant même la révocation de deux ministres de la Santé.  Des erreurs existent aussi sur l’Arabie Saoudite, Iran et Sénégal

Quant aux Etats-Unis qui sont aussi en rouge sur la carte, il y a 26% de la population des pays qui vivent dans des états fédéraux recommandant l’hydroxychloroquine et 50% de la population qui vivent dans des états fédéraux aux Etats-Unis ou il y a des difficultés.  23% des Américains vivent dans des états ou il est impossible d’obtenir l’hydroxychloroquine. La carte des Etats Unis de AFLDS permet de voir la situation locale.  En cliquant sur chaque état il y a la loi fédérale en place.  Il est donc incorrect de dire que l’hydroxychloroquine n’est pas utilisée ou prescrite aux Etats-Unis

En fait, dans la carte présentée sur TF1, les Etats-Unis auraient dû être en vert car il n'y a que 23% des états qui interdisent l'hydroxychloroquine.

Nous pouvons aussi prendre l’exemple de l’Indonésie qui a eu une politique claire de prescription

Pour conclure sur l’usage de l'hydroxychloroquine dans divers pays, à Oxford au Royaume-Uni, siège de l’étude britannique phare Recovery qui a jeté le discrédit sur l’hydroxychloroquine le 5 juin 2020 avec une étude présentant un surdosage pour les patients, le professeur Nick White déclare ce 10 septembre : 

«Je ne sais pas si l'hydroxychloroquine peut ou non prévenir le COVID-19» en tant que co-chercheur principal de l'essai clinique COPCOV dirigé par Oxford. «Mais je sais que nous devons vraiment le découvrir, et rapidement. Toute la publicité négative a naturellement rendu les gens réticents à s'inscrire à des études. Nous pourrions attendre longtemps un vaccin efficace. »

 

Le Collectif Citoyen a refait l’analyse ce dimanche

Cette analyse n’est pas définitive, car il manque encore des données sur certains pays. L’analyse a porté sur deux types d’information, la recommandation réglementaire des Etats (quand cette recommandation est faite au niveau fédéral, comme aux Etats Unis, l’information fédérale a été prise), ainsi que sur la possibilité de prescrire.  Par exemple en France, l’hydroxychloroquine ne fait pas partie de la thérapie standard cependant les médecins ont la possibilité de la prescrire hors AMM.

La population mondiale est de 7.8 milliards d’individus et à minima il y a 4.088 milliards d’individus (52%) qui vivent dans des pays ou l’hydroxychloroquine ou la chloroquine sont règlementairement autorisées.  Ce chiffre est de 4.3 milliards pour les pays où il y a la liberté de prescrire (ceci inclut les prescriptions hors règlementation centrale mais la liberté de prescrire existe) soit 55%.  Rappelons que ce chiffre sera nécessairement plus élevé car il y a des pays pour lesquels l’information n’est pas disponible à la minute.

Le 50 pays les plus peuplés comptent 6,77 milliards de personnes soit 87% de la population mondiale.  60% des citoyens vivent dans des pays qui ont inscrit règlementairement l’hydroxychloroquine parmi les traitements Covid et 64% dans des pays qui ont la possibilité de la prescrire librement.

 

 

Sur la forme

Le journal de 20h a une forte audience de plus de 5 millions de téléspectateurs. Ces 5 millions de personnes auront donc vu et entendu cette information incorrecte.

Il est donc critique que l’analyse, présentée par Samira El Gadir sur la base des fausses informations fournies par Peiffer Smadja, fasse l’objet à minima d’une rectification afin que les Français ne restent pas sur une impression erronée.

A la défense de la journaliste, elle a essayé de contacter l’IHU du professeur Raoult, mais c’était un samedi.  Il eut surement été préférable d’attendre que l’IHU puisse répondre afin d’éviter de communiquer une nouvelle information erronée.  Il sera aussi essentiel de faire une enquête approfondie sur les motivations intrinsèques de cet interne Nathan Peiffer Smadja, lié au professeur Yazdanpanah et à la SPILF, car cette analyse trompeuse, comme l'étude viciée de The lancet, créent plus de confusion qu'elle n'apporte de clarification. 

La validation de ces chiffres, au préalable, par des instances professionnelles ou des spécialistes épidémiologues chevronnés permettrait de fournir une information plus complète et objective aux Français, surtout en heure de grande écoute.  

 

Regardez la vidéo : 

Nous avons contacté Samira el Gadir au sujet de cette vérification mais elle n'était pas disponible pour nous répondre.

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