"Quelle hypocrisie" : les internautes étrillent l’Équipe qui renonce à boycotter le Mondial de football au Qatar
Vendredi 23 septembre, le directeur de la publication de l’Équipe, Jérôme Cazadieu, a publié un éditorial sur le site Internet du quotidien sportif dans lequel il annonce que son média ne participera pas au boycott de la Coupe du monde de football au Qatar, malgré les révélations des milliers de morts de travailleurs, morts en raison de leur exploitation jusqu'à épuisement sur les chantiers de construction des stades.
« Comme pour les derniers Jeux à Pékin, L'Équipe ne boycottera pas le Mondial qatarien. » L’ancien grand reporter annonce que l’Équipe s’y rend, car le quotidien a une « mission d’information » : « La mission d'un média est de se rendre sur tous les terrains afin de témoigner de la réalité. Ce que nous ferons au Qatar. Mais nous n'avons pas attendu la prochaine Coupe du monde pour enquêter sur la situation des travailleurs étrangers par exemple. »
Pour rappel, un appel au boycott a été lancé par diverses associations et personnalités à travers la planète. Le journal anglais The Guardian, rapportant le bilan de 6 500 travailleurs migrants décédés sur les chantiers de construction des stades. Un chiffre contesté par le Qatar, qui soutient que le véritable nombre de décès serait fixé à 37. « On ne peut pas savoir le nombre de morts exacts, parce que le Qatar ne communique pas ces chiffres et il n’y a pas d’autopsie », expliquait en avril 2021 Sabine Gagnier, chargée de plaidoyer pour Amnesty France, lors d’un entretien au Parisien.
Dans plusieurs reportages diffusés ces dernières années sur diverses chaines ou bien encore sur le site d'Amnesty International, on peut découvrir les conditions dans lesquels vivent ces travailleurs venus en grande partie, d’Inde, du Népal, du Bangladesh ou encore du Pakistan. Dormant souvent à l’étroit dans des logements délabrés, ces migrants se sont parfois vus retirer leur passeport lors de leur entrée sur le territoire qatari, ce qui leur empêche de repartir dans leur pays d'origine avant la fin de leur contrat.
Dans un entretien donné à France Info, ce lundi matin, Jérôme Cazadieu confirme que 30 journalistes de l’Équipe seront déployés sur place au moment de l’évènement. Il promet des enquêtes de la part de son journal et affirme que se déplacer au Qatar est semblable au fait de se rendre en Russie pour un média généraliste : « Pour un média généraliste, ça n’aurait pas de sens de dire : on n’aime pas ce que représente la Russie, donc on ne va plus aller en Russie. Parce qu’en ce moment en Russie, il y a un certains nombre de mouvements, et si vous n’y allez pas, vous pouvez pas raconter ce qui se passe », justifie-t-il.
« Quelle hypocrisie »
Mais sur les réseaux sociaux, les internautes ne goûtent guère le motif de la mission d'information invoqué, y voyant plutôt là un prétexte malhonnête du directeur de la publication. Sur Twitter, dans les commentaires sous la publication de son interview par France info, les internautes, se montrent tous unanimes à l'heure où nous écrivons ces lignes : « Tu m’étonnes. Business is business », raille l'un d'eux. « Quelle hypocrisie », renchérit un autre internaute. Selon Webatou, « c’est sûr que s’ils cherchent les morts des chantiers maintenant, ils ne vont pas les trouver. C’était avant qu’il fallait y aller… »
Voir aussi : "Coupe du monde 2022 : un collectif alsacien dénonce un chantier meurtrier au Qatar".
Vidéo : Entretien de Jérôme Cazadieu avec France Info.
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