"L'économie circulaire", meilleure arme pour anticiper la rareté des ressources
"Anticiper la rareté des ressources": c'était le thème, mercredi 21 janvier, de la troisième "Matinale Eco" de l'antenne parisienne de la Maison de la Métropole Nice Côte d'Azur (MNCA), en partenariat avec FranceSoir.
Les nouvelles technologies et les PME-PMI avaient été évoquées lors des deux premières rencontres entre chefs d'entreprises, décideurs et experts qu'organise chaque mois cette antenne parisienne, ouverte fin novembre par Christian Estrosi, président de la MNCA. Le député-maire de Nice entend faire de sa métropole une région de pointe pour le développement des start-up et des PME-PMI spécialisées dans les nouvelles technologies, et a fait de la "ville intelligente" et connectée un de ses chevaux de bataille.
Ce mercredi 21, les participants à la rencontre -animée par Gilles Pennequin, haut-fonctionnaire d’Etat, chargé des relations institutionnelles au Forum international des technologies et sécurité, et Virginie Atlan, directrice de la Maison de la Métropole Nice Côte d’Azur à Paris- ont insisté sur la nécessité d'inventer un nouveau modèle économique en matière de gestion des ressources énergétiques.
Hélène Valade, directrice du Développement durable de Suez Environnement, a résumé le sentiment de beaucoup d'experts et responsables selon lesquels il faut désormais sortir du cycle "j'extrais-je produis-je consomme-je jette". Les quatre étapes de ce modèle linéaire "peuvent être remplacées dans la cadre d'un modèle circulaire", où notamment "les déchets des uns sont les ressources des autres", a-t-elle souligné.
Epuisement progressif des matières premières, réchauffement climatique, développement démographique: ces trois facteurs sont à prendre en compte simultanément pour anticiper à long terme l'épuisement des ressources. Aujourd'hui "les outils de prévention existent", a expliqué Mme Valade, "il est encore temps d'anticiper les risques, de les prévenir, de les réduire". La valorisation énergétique des déchets, dans le cadre d'une nouvelle "économie circulaire", est l'une des réponses majeures à apporter aux défis de demain, selon elle.
Nathalie Boyer, déléguée générale d'Orée, en est également convaincue. Son association rassemble depuis 1992 entreprises, collectivités territoriales, associations professionnelles et environnementales, organismes académiques et institutionnels pour "développer une réflexion commune sur les meilleures pratiques environnementales" et mettre en pratique cette fameuse "économie circulaire". Tout se recycle dans la nature, il suffit de faire pareil, a-t-elle résumé, mais cette volonté "a besoin d'animation locale".
Mme Boyer a cité plusieurs exemples d'actions concrètes valorisées par Orée: dans la région de Guéret (Creuse), la récupération des eaux de pluie a diminué par trois le prix de l'eau pour les industriels; à Valenciennes (Nord), des achats mutualisés d’énergie permettront des économies financières investies à 60% dans le développement des énergies renouvelables sur le parc et reversées à 40% aux industriels pour être réinvesties de moitié dans les économies d’énergie; dans le Dunkerquois (Nord), la récupération de l’"énergie fatale" (celle qui disparaît dans la nature) d’un industriel alimente le réseau de chaleur qui dessert la moitié de la ville de Dunkerque.
François Bouché, PDG de Valgo, entreprise spécialisée dans la dépollution des sols, a insisté de son côté sur les aspects économiques et financiers de cette volonté de promouvoir les économies d'énergie. Il faut dépolluer, recycler et préserver les ressources, mais cela coûte cher et son entreprise s'attelle à mettre en place des solutions avec "un retour rapide sur investissement", c'est-à-dire dans les cinq/dix ans –alors que la dépollution est une affaire de plusieurs années.
Une centaine d'usines ouvrent chaque année en France, contre 300 et 400 qui ferment: il y a donc du travail pour réutiliser, et donc dépolluer de nombreux sites, en recyclant les déchets. M. Bouché a cité le cas d'une raffinerie de Rouen, pour laquelle le coût des opérations de dépollution a été réduit en adoptant une stratégie de traitement terrain par terrain et secteur par secteur, au lieu de dépolluer l'ensemble du site d'un seul coup, opération qui aurait coûté 100 millions d'euros.
Même souci de faire le maximum à moindre coût pour Jacques Dufossé, directeur du développement d'Energies Demain, bureau d'études spécialisé dans la réalisation d'outils d'évaluation des politiques publiques, dans les domaines de l'énergie, l'eau, les transports notamment.
Avant d'agir le plus efficacement possible, il faut des données précises. Son entreprise rassemble ces données dans tous les domaines concernés par le Grenelle de l'environnement (BTP, transports, déchets, industrie, agriculture, etc.), de l'ensemble du territoire jusqu'à un simple bâtiment ou foyer français. Dans la région de Perpignan, Energies Demain a calculé, dans une simulation prévisionnelle, que le passage au goutte-à-goutte dans l'irrigation de certains secteurs agricoles suffisait à compenser les effets du réchauffement climatique et d'une hausse de 10% de la population.
"La clé de tout, c'est la rentabilité économique de l'efficacité énergétique": le dernier intervenant, Christophe Robillard, PDG de la start-up Qualisteo, a résumé les déclarations et les enseignements de la matinée. Qualisteo, installée dans la Maison de la Métropole Nice Côte d'Azur, aide les entreprises et les collectivités à identifier les économies d'énergie et à les mettre en pratique au moindre coût, par diverses actions, outils techniques et surtout analyses de données préalables.
Elle a ainsi collaboré à l'optimisation énergétique du nouveau stade Allianz Arena de Nice, ouvert fin 2013, et se donne pour but de proposer à ses clients des solutions d'efficacité énergétique avec un retour sur investissement sur un an. Faire des économies d'énergie, recycler les déchets, sauver la planète, instaurer une "économie circulaire": oui, à condition que cela ne coûte pas trop cher –pour que le jeu en vaille la chandelle.
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