Grève des salariés de Louis Vuitton contre la réorganisation du travail
Alors que les patrons du web dégringolent dans le classement des plus riches de la planète, le fondateur de LVMH Bernard Arnault, milliardaire passé deuxième dans cette même liste, doit gérer des tensions au sein de son empire. Des centaines de salariés de Louis Vuitton répondent à l’appel des syndicats pour demander de meilleurs salaires. Les travailleurs de la marque de luxe protestent contre un nouvel accord qui réduit les heures supplémentaires dans certains ateliers français.
Trois ateliers craignent une réduction des RTT et des journées plus longues
Jeudi 10 février dernier, une centaine de salariés, soit 5,3 % du total des employés, faisaient la grève au moment du passage de relais entre les équipes du matin et celles du soir. Les travailleurs des ateliers d'Asnières (Hauts-de-Seine), Sarras (Ardèche) et Issoudun (Indre) demandent de meilleurs salaires et dénoncent “les effets néfastes” de ces changements. Pour la plupart des grévistes, qui sont majoritairement des femmes, la proposition de Louis Vuitton ne leur convient pas. Il s’agit d'une "annualisation du temps de travail". Comme l'explique Thomas Vacheron, de la fédération CGT Textile-Maroquinerie, l’objectif serait de supprimer les heures supplémentaires. L'entreprise veut mettre en place en moyenne 18 mois de salaire par an, et réduire le temps de travail de 35 à 33 heures par semaine. Pour Mireille Bordet, déléguée CFDT à Asnières, cette nouvelle organisation réduira le nombre de RTT, ce qui se fera au détriment de leur vie privée : “Le passage de 35 à 33 heures ne générera plus de RTT et va nous contraindre à finir plus tard le soir”. Les salariés voient dans cette proposition un moyen de supprimer l'horaire de référence en journée, pour conserver seulement les horaires du matin et du soir, qui sont uniquement ceux proposés aux nouveaux salariés. "La direction mélange les augmentations de salaires avec le temps de travail", estime la déléguée CFDT. Mireille Bordet alerte des conséquences de ces mesures qui sont en plus une tentative de “passage en force” qui ne prendra pas en compte le préavis de grève “sous huitaine” : “Si le projet passe, on sera augmenté, mais, s'il ne passe pas, on n'aura rien”. La CGT et la CFDT ont également appelé à la grève dans les usines de Condé (Indre) et de l’Herbasse (Drôme).
Les chiffres du groupe LVMH ont exaspéré les salariés
Les travailleurs de Louis Vuitton, qui fait partie du groupe LVMH, n’avaient pas organisé de mouvements sociaux depuis cinq ans. Les pancartes des grévistes, choqués par le passage en force, affichaient la semaine dernière des messages tels que “Pas d'horaires de nuit chez "Tonvui"”, “Métier formidable, salaire misérable”. Ces mouvements ont lieu deux semaines seulement après les annonces du résultat 2021 du groupe. LVMH a dépassé l'année dernière les 64 milliards d’euros de chiffre d’affaires (+20 %) et un bénéfice net de 12 milliards (+55 %).
À LIRE AUSSI
L'article vous a plu ? Il a mobilisé notre rédaction qui ne vit que de vos dons.
L'information a un coût, d'autant plus que la concurrence des rédactions subventionnées impose un surcroît de rigueur et de professionnalisme.
Avec votre soutien, France-Soir continuera à proposer ses articles gratuitement car nous pensons que tout le monde doit avoir accès à une information libre et indépendante pour se forger sa propre opinion.
Vous êtes la condition sine qua non à notre existence, soutenez-nous pour que France-Soir demeure le média français qui fait s’exprimer les plus légitimes.
Si vous le pouvez, soutenez-nous mensuellement, à partir de seulement 1€. Votre impact en faveur d’une presse libre n’en sera que plus fort. Merci.