"On manque de main-d'œuvre partout"  : à la recherche des travailleurs perdus

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FranceSoir avec AFP
Publié le 08 septembre 2022 - 14:40
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Un salon de l'emploi organisé les services postaux américains, le 18 juillet 2022 à Inglewood, en…
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AFP/Archives - Patrick T. FALLON
Un salon de l'emploi organisé les services postaux américains, le 18 juillet 2022 à Inglewood, en Californie.
AFP/Archives - Patrick T. FALLON

Ce sont les plombiers en Allemagne, les facteurs aux États-Unis, les ingénieurs en Australie, les infirmières au Canada, les maçons en France... Partout, les besoins en main-d'œuvre ont fortement repris depuis la crise du Covid-19. Mais les bras manquent.

PDG de la PME allemande Currentsystem23 spécialisée dans les logiciels, dans l'est de l'Allemagne, Michael Blume confie à l'AFP avoir "clairement beaucoup de difficultés à trouver des salariés".

"Où que l'on regarde, on manque de main-d'œuvre qualifiée partout", poursuit ce chef d'entreprise, pointant des problèmes de formation en Allemagne où 887 000 emplois attendaient d'être pourvus en août, tant dans le social ou la construction que dans l'informatique.

Les chiffres américains donnent encore plus le tournis dans un pays où les panneaux "On embauche !" pullulent devant les restaurants ou les bus : plus de onze millions de postes étaient vacants fin juillet pour près de moitié moins de travailleurs disponibles.

"Les entreprises continuent à dire dans les enquêtes d'opinion mondiales qu'il est très difficile d'embaucher" depuis la crise du Covid-19, constate Ariane Curtis, économiste à Toronto pour le cabinet Capital Economics.

Elle signale des difficultés aiguës parmi les pays d'Europe occidentale, en Amérique du Nord mais également en Europe de l'Est, en Turquie et en Amérique latine.

Selon un rapport de l'OCDE de juillet, les tensions sur les postes vacants ont considérablement augmenté fin 2021 aux États-Unis, en Grande-Bretagne, en Australie et au Canada par rapport à l'avant-crise.

Enseignement, hôtellerie, santé...

À l'heure où l'économie mondiale ralentit déjà sous l'effet de la guerre en Ukraine, les pénuries de travailleurs inquiètent d'autant plus qu'elles affectent des secteurs aussi variés que les enseignants au Texas, l'hôtellerie-restauration en Italie ou les personnels de santé au Canada.

Elles entraînent aussi une déstabilisation du fonctionnement de nombreuses entreprises : des pharmacies du Wisconsin doivent fermer à certaines heures faute de pharmaciens, des unités de soins dans des hôpitaux canadiens de l'Alberta faute de médecins et des restaurants sur la "Sunshine Coast" australienne, près de Brisbane, faute de serveurs, rapportait récemment la presse locale.

Les métiers en cols blancs aussi subissent le creux. "Avant, le plus difficile était de trouver des entreprises clientes. Désormais, ce sont les candidats", témoigne Clément Verrier, qui codirige un cabinet parisien de recrutement spécialisé dans les cadres dirigeants.

Son secteur d'activité "fait face à un nombre jamais vu de candidats qui disparaissent en plein milieu du processus de recrutement, sans même rappeler", ajoute-t-il.

Déjà à l'œuvre avant la crise du Covid-19, les pénuries de travailleurs ont brusquement flambé au cours de celle-ci.

Les sources sont multiples : retraites anticipées, salaires trop bas, conditions de travail trop difficiles, réorientations professionnelles au nom d'une quête de sens, déménagements hors des grandes villes pourvoyeuses d'emplois... Jamais dans l'histoire moderne un événement n'aura autant affecté la notion même de travail.

"Trésors d'imagination"

Les entreprises tentent des mesures pour attirer ou retenir des employés, à commencer par des augmentations de salaires, toutefois variables d'un secteur à l'autre.

Le télétravail devient un prérequis au sein de nombreuses professions qui ont aussi vu émerger des initiatives telles que les congés "bonus" ou le temps accordé pour une cause personnelle.

"Il faut déployer des trésors d'imagination" afin de séduire les candidats, relève le recruteur parisien Clément Verrier.

"La grande question est de savoir si ce que nous voyons depuis des mois va se calmer ou non", interroge Mike Smith, à la tête de l'expert en recrutement international Randstad Sourceright aux Pays-Bas. "On pense qu'il ne s'agit pas d'un changement transitoire", précise-t-il.

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