Micro-travail et paiement au clic, peut-on réellement gagner sa vie ?
Se constituer un revenu d’appoint en effectuant d’innombrables micro-tâches, telle est la promesse faite aux micro-travailleurs par des plateformes aux discours attrayants. Peut-on réellement espérer arrondir ses fins de mois en devenant un travailleur du clic ?
La digitalisation de la société implique, depuis plusieurs années, une profonde transformation de notre modèle économique mais aussi du marché du travail. L’ubérisation de nos économies n’en est qu’un des aspects. Moins connus que les chauffeurs Uber, les micro-travailleurs ont pu, au départ, espérer arrondir leur fin de mois voire même dans certains cas se constituer un véritable revenu. Force est de constater, que ces ambitions sont toujours (ou presque) vouées à la déception.
Les travailleurs du clic, des micro salariés dans l’ombre des innovations
De qui parle-ton vraiment en évoquant les « travailleurs du clic » ? Il s’agit d’Hommes et de Femmes, acceptant de réaliser des tâches répétitives sans aucune valeur ajoutée, moyennant le paiement de quelques centimes d’euros, et parfois de quelques euros. Il va s’agir, dans certains cas, de lire un e-mail marketing, dans d’autres de regarder une vidéo, parfois de répondre à un sondage en ligne, ou alors d’entrainer un assistant vocal à reconnaitre les expressions en répétant plusieurs fois la même expression, …
Les demandes sont de plus en plus nombreuses. Par exemple, toutes les entreprises veulent profiter des opportunités ouvertes par l’avènement de l’Intelligence artificielle et du Machine Learning. Il faut donc entrainer des algorithmes à analyser les réponses des Internautes. Alors ces micro-travailleurs sont appelés à la rescousse pour répondre à toutes les questions possibles et inimaginables. Pour d’autres entreprises, il s’agira d’améliorer leur visibilité naturelle en augmentant artificiellement le nombre de clics et/ou de vues de leur site par l’intervention de ces salariés du clic.
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Des micro-travailleurs évoluant dans la précarité
Même en y passant des heures entières, ces salariés invisibles ne percevront que quelques dizaines de centimes par jour, ou dans le meilleur des cas, quelques euros. Les plateformes proposant ces tâches ingrates se sont multipliées, et aujourd’hui, un travailleur du clic ne sait pas, dans la plupart du temps, pour quelle entreprise il travaille. Il n’a pas de relation avec ses collègues, qu’il ne connait pas, rendant la représentation de ces salariés impossible. Au mois de mai dernier, un rapport sur le micro-travail en France a été publié sous la direction d’Antonio Casilli et de Paola Tubaro. D’après eux, les micro-travailleurs seraient plus de 260.000 en France, et ils estiment difficile de dresser un portrait type d’un travailleur du clic.
Outre les tâches peu valorisantes qu’il implique et une rémunération « peu ou pas normée » , le micro-travail repose sur un autre paradoxe, dénoncé dans le rapport :
« (…) le micro travail se situe à la marge de l’emploi formel, alors même qu’il est au cœur des processus d’innovation dans de nombreuses industries et secteurs d’activités.
Ces travailleurs du clic se consacrent ainsi à conforter les innovations techniques et technologiques, qui doivent, à terme, permettre de supprimer toutes les tâches répétitives et subalternes aux utilisateurs, à l’exception des …. Micro travailleurs.
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