Pourquoi la BCE veut-elle "fabriquer" des euros ?
La Banque centrale européennea pris ce jeudi une décision historique en matière de politique monétaire. Face au risque de déflation, elle a lancé un programme d'émission de monnaie et de rachat de la dette publique de plusieurs pays européen. Ce sont 60 milliards d'euros par mois qui devrait être consacrés à cette opération de mars 2015 septembre 2016 soit plus de 1.100 milliards d'euros au total.
En pratique la BCE va, selon l'expression consacrée, "faire fonctionner la planche à billets", c'est-à-dire créer de la monnaie artificiellement par un simple jeu d'écriture. Grâce à cet argent presque tombé du ciel, elle pourra racheter une partie de la dette de certains Etats membres de l'Union, dans les faits, leur prêter cet argent fabriqué.
Augmenter la quantité d'euros en circulation permet aussi de lutter contre la déflation et la baisse des prix tant redoutée, car il y va alors aussi de la baisse des salaires entre autres. Emettre de la monnaie permet d'en diminuer la valeur car moins un produit est rare, moins il est cher. Il faut donc plus d'euros pour acheter un produit et la baisse des prix est limitée.
Si cette baisse ne doit pas être excessive, elle permet également de booster les exportations. Car acheter en euros alors que sa valeur est faible devient plus intéressant pour les pays étranger.
Ce projet n'a cependant pas reçu la bénédiction de tous les pays européens. Angela Merkel y est depuis le début farouchement opposée. L'Allemagne a en effet fait de nombreux efforts pour se serrer la ceinture. On comprend donc son agacement à voir la dette de pays moins enclins à la rigeur budgétaire diminuer d'un coup de baguette magique.
Certains craignent également que cette mesure exceptionnelle ne devienne une habitude. Elle devrait en tout cas ravir le mouvement grec d'extrême-gauche Syriza, anti-austérité et favoris des sondages pour les élections législatives du dimanche 25 janvier.
La création de monnaie est une technique largement appliquée dans certains pays en dehors de la zone euro. Le Royaume-Uni et les Etats-Unis y ont eu recours pendant la crise, mais l'Europe préfère d'habitude éviter d'y recourir. Son efficacité réelle reste d'ailleurs un sujet de débat pour les économistes.
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