Pouvoir d’achat : 2,4 millions de Français ont eu recours à l’aide alimentaire en 2022, plus d'un tiers sont de nouveaux bénéficiaires
POUVOIR D'ACHAT - De plus en plus de Français vivent dans la précarité. Selon une étude publiée lundi 27 février 2023, plus d’un tiers des personnes qui se rendent dans les structures d’aide alimentaire sont de nouveaux bénéficiaires qui le font depuis moins de 6 mois. Les données récoltées par l'institut CSA pour les Banques alimentaires dévoilent que le nombre de personnes qui recevaient l'aide alimentaire était de 2,4 millions jusqu’à fin 2022, soit trois fois plus par rapport à 2012.
Une tendance haussière qui pourrait perdurer puisque l'inflation, aggravée par l’évolution du prix des produits alimentaires, a atteint en février 6,2% sur un an, à en croire une première estimation publiée le mardi 28 février 2023 par l'Insee.
820 000 bénéficiaires en 2011, 2,4 millions en 2022
L'étude menée par l’Institut CSA, intitulée “Profils, qui sont les personnes accueillies à l’aide alimentaire ?”, révèle que près de 60% des bénéficiaires sollicitent une aide alimentaire une à deux fois par semaine.
Un chiffre en hausse de 6% par rapport à 2020. "Les Banques Alimentaires accueillaient 820 000 personnes en 2011, contre 2,4 millions fin 2022 (...). Depuis 2008, les différentes crises économiques et sanitaires se sont traduites par cette 'marée lente' du recours à l'aide alimentaire qui n'a jamais reflué", lit-on.
Le réseau français de Banques alimentaires explique que les profils accompagnés vivent à hauteur de 94% sous le seuil de pauvreté, habitent pour la moitié d’entre eux dans un HLM et autant vivent de minima sociaux. Mais ces profils deviennent de plus en plus hétérogènes, fait-on remarquer.
83% des personnes accueillies sont sans emplois (retraités, handicapés, personnes au foyer, demandeurs d'asile, etc), dont plus d’un quart de chômeurs. 41% de ces chômeurs le sont depuis plus de 2 ans, en augmentation de 6 points, soit 41% par rapport à 2020.
La perte d’emploi est d’ailleurs la principale cause du recours à l’aide alimentaire, devant les “accidents de la vie” comme la maladie (23 %), une séparation ou un divorce (21 %). “Mais la précarité n’épargne pas ceux qui ont un emploi et que l’on peut qualifier de ‘travailleurs pauvres’”, poursuit l’étude.
Les deux tiers des bénéficiaires de l’aide alimentaire ont des contrats à temps partiel, dont 60% en CDI. Des emplois qui ne leur garantissent pas des revenus suffisants. “Le revenu moyen de ceux qui travaillent est de 1070 euros, c’est-à-dire moins que le SMIC tandis que le revenu de ceux qui ne travaillent pas est de 850 euros, c’est-à-dire moins que le minimum vieillesse”, note l’Institut CSA.
Le gouvernement lance son plan “Mieux manger pour tous”
Des revenus dépensés dans l’alimentation, “deuxième poste de dépenses après le logement, en hausse de 14% par rapport à 2020”. Les produits les plus onéreux sont les plus demandés par les personnes comme les produits protéinés (viande, poisson, œufs) ou encore les végétaux (fruits et légumes). Des produits non alimentaires, comme ceux de l’hygiène, sont également sollicités.
Les deux tiers des personnes interrogées par cette étude affirment que l’aide alimentaire leur est “essentielle” et qu'ils ne peuvent plus s’en passer. Une aide vers laquelle de plus en plus de Français pourraient se tourner en raison de l’inflation à deux chiffres des produits alimentaires, soit 14,5% sur un an contre 13,3% en janvier selon l'Insee.
Les Banques Alimentaires expliquent dans l’étude que les plus de 2 millions de personnes en situation de précarité alimentaire sont accompagnées. Elles collectent près de 132 000 tonnes de produits auprès de plusieurs établissements (grande distribution, de l'industrie agroalimentaire, des agriculteurs et du grand public, etc) afin de les redistribuer à travers leurs 5700 associations partenaires.
Le “premier réseau” en France devrait pouvoir compter sur le programme “Mieux manger pour tous”, un plan d'aide alimentaire à destination des Français les plus précaires lancé ce mardi 28 février 2023 par le ministre des Solidarités, Jean-Christophe Combe, selon RTL.
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