Start-up, PME, PMI : la Métropole Nice Côte d'Azur se veut un "laboratoire d'expérimentation"
"Renforcer le partenariat public-privé" et donner l'occasion aux entreprises, notamment les start-up, de développer les nouvelles technologies au service des usagers et des citoyens: c'est l'une des volontés qu'a réaffirmée mercredi le député-maire de Nice Christian Estrosi (UMP). Il organisait une rencontre entre chefs d'entreprise, décideurs et experts dans les locaux de la nouvelle antenne parisienne de la Maison de la Métropole Nice Côte d'Azur (MNCA), dont il est le président, "un territoire que je veux de plus en plus tourné vers l'innovation", a-t-il dit.
Dans le cadre des "Matinales Eco" qu'organise chaque mois la MNCA (et dont FranceSoir est partenaire), plusieurs entrepreneurs ont confronté leurs expériences sur le thème "PME-PMI et technologies au service de la Métropole et de ses administrés". Certains sont installés dans la région et collaborent avec la MNCA, d'autres non.
Charles Dunston, directeur général de Dial-Once, est venu présenter une application pour smartphones qui va ravir ceux qu'insupportent les services vocaux interactifs ("Pour contacter un conseiller, tapez 1"; "Pour réécouter ce message, tapez 3"; "Votre temps d'attente est estimé à 12 minutes"; etc.). La personne qui appelle a le choix entre ce service vocal et une interface visuelle, sur son smartphone, qui lui permet de trouver une réponse à sa question sans passer par le service vocal.
Plusieurs entreprises ont déjà adopté cette application, dont "France-Soir", Air France, Assuronline ou La Poste. Raphaël Colas, responsable du pôle Satisfaction clients de La Poste, est venu dire tout le bien qu'il pense de cette innovation, pour ses 44 millions de clients, qui peuvent par exemple trouver le bureau de poste le plus proche ou savoir si un colis est arrivé. En réduisant les appels téléphoniques, l'application Dial-Once permet "de mieux servir nos clients" et peut permettre "une réduction considérable des coûts", a-t-il dit.
Dans le même esprit, Jean-David Benichou, directeur général de Via-io et créateur d'une trentaine d'entreprises depuis un quart de siècle, a présenté une de ses dernières nouveautés, Via Motion. Il s'agit de créer des vidéos pour expliquer aux clients ou usagers des choses aussi simples qu'une facture d'EDF, ce qui évite là aussi de nombreux appels téléphoniques et de longues minutes d'attente au son des Quatre saisons de Vivaldi (2mn en moyenne en France, 45mn au Brésil, où l'entreprise est présente ainsi qu'au Canada et en Israël). Peut-être un jour une vidéo pourra-t-elle expliquer à quoi sert un relevé d'impôts locaux…
Brahim Abkare, directeur général de Kypt-ID, propose une application pour smartphones spécialisée dans la traçabilité et l'authentification des produits, en temps réel et par géolocalisation. En scannant une puce électronique ou un QR code, un commerçant, un responsable de magasin ou un simple client peut déterminer si un produit est authentique ou contrefait.
Christian Devillers, directeur général de Walkin, est installé depuis 10 ans en Chine où il a lancé une application pour smartphones destinée à rendre interactifs les centres commerciaux, les musées et les lieux accueillant du public. Créée il y a deux ans et demi, l'application est utilisée dans 600 points de vente de quatre grandes villes chinoises.
"Le concept de la ville connectée me paraît fascinant" mais il reste beaucoup à faire dans le contenu, a-t-il dit, évoquant son projet de "rendre interactives 5 millions d'œuvres d'art". Sa société, basée à Hong Kong, va ouvrir une antenne sur la Côte d'Azur et lancer son application à Nice et à Grenoble.
Patrick Kedziora, directeur général de Kedzoh, a lui aussi réussi à l'étranger et veut s'implanter en France. Son application, commercialisée au Chili et au Brésil, est destinée "à ceux qui n'aiment pas la technologie", a-t-il plaisanté: elle fournit, sur smartphone, un cadre pour une formation simplifiée, de 10 à 15 minutes, avec vidéos, photos, textes, questions. La formation peut être de toute sorte et être envoyée par un chef d'entreprise à ses salariés, par un prof à ses élèves, par un homme politique à ses électeurs, etc. Patrick Kedziora veut la développer en France et est en discussion avec l'armée américaine qui pourrait l'adopter l'an prochain.
La Matinale Eco de ce mercredi ne concernait pas que les PME ou les start-up. Gilles De Colombel, directeur du Pôle public de Schneider Electric, a rappelé que son entreprise (160.000 salariés dans une centaine de pays, dont 20.000 en France), spécialisée dans la distribution électrique, avait trouvé dans la Maison de la Métropole Nice Côte d'Azur un terrain favorable au développement de ses innovations. "Nous avons besoin d'un éco-système autour de nous", a-t-il dit, plaidant pour la collaboration entre entreprises et avec les collectivités: "on ne peut pas travailler tout seul, on ne sait pas travailler tout seul".
La solitude, c'est ce que veut combattre le Réseau Entreprendre, association qui accompagne les jeunes chefs d'entreprise et les créateurs de start-up. Un de ses membres, Christophe Imbert, président de la section Côte d'Azur de l'association et lui-même chef d'entreprise, a expliqué que dans sa région, 80 entreprises soutenaient 34 lauréats pendant trois ans, par "un accompagnement financier (un prêt d'honneur) mais essentiellement humain".
Laura Tenoudji, journaliste à Télé-Matin sur France-2 depuis une dizaine d'années et spécialisée dans les start-up et les nouvelles technologies, a abondé dans son sens. Témoignant sur ce secteur qu'elle connaît bien, elle a rappelé que les trois idées de base pour la réussite d'une start-up étaient "d'avoir une bonne idée, au bon moment, et qui réponde à un vrai besoin". Mais, a-t-elle ajouté, il faut "avoir derrière quelqu'un de fort" car "l'humain est très important" dans ce genre d'aventure entrepreneuriale.
Christian Estrosi a profité de ce rendez-vous mensuel pour rappeler les réalisations de sa Maison de la Métropole Nice Côte d'Azur en matière de nouvelles technologies, et appelé start-up et entreprises à venir investir ou s'installer sur son territoire.
Il a aussi évoqué l'actualité du moment en rappelant son opposition au projet gouvernemental de privatisation partielle de l'aéroport de Nice-Côté d'Azur, le deuxième de France, après celle récemment effectuée pour l'aéroport de Toulouse-Blagnac, vendu en partie à des investisseurs chinois.
"Je ne suis pas contre le privé", mais "je ne veux pas que (l'aéroport) soit contrôlé par des investisseurs étrangers" qui n'auraient pas la même "stratégie territoriale" que les dirigeants actuels, a-t-il dit. Le ministre de l'Economie Emmanuel Macron a contacté le député-maire de Nice, qui espère la mise en place "d'un pacte d'actionnaires sur lesquels je puisse avoir un droit de préemption, ou en tout cas d'opposition", a-t-il ajouté.
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