Télécoms : SFR offre plus de 10 milliards d'euros pour racheter Bouygues
La somme est rondelette. Le groupe Numéricable-SFR, dirigé par Patrick Drahi, vient de déposer une offre de rachat de son concurrent Bouygues Telecom s'élevant à 10,1 milliards d'euros, selon une information dévoilée ce dimanche par le JDD et confirmée par des sources concordantes. Si l'opération réussie, SFR deviendrait le premier opérateur mobile français et le deuxième acteur de l'accès à Internet.
L'offre a de quoi faire réfléchir les actionnaires et Martin Bouygues, qui avait refusé une offre moitié moins élevée (ce qui représente tout de même cinq milliards d'euros) l'an passé. Il affirmait alors qu'il attendait une offre s'élevant à 11 milliards, ce que semble avoir entendu Patrick Drahi qui a déjà tenté à plusieurs reprises de mettre la main sur son concurrent.
L'offre est réfléchie: afin d'éviter une situation trop proche du monopole, SFR a ainsi négocié avec Orange et Free, les deux autres acteurs du marché, pour qu'ils reprennent de leur côté les antennes (Free) et une partie des salariés de Bouygues (Orange). "Un tel montage satisfait tout le monde. Numericable-SFR a besoin de d'avoir davantage de clients sur son réseau pour amortir ses coûts fixes et Free doit renforcer son réseau mobile", résume un analyste cité par Le Figaro.
Pour autant, les pouvoirs publics voient d'un mauvais œil cette tentative de restructuration d'un secteur déjà plusieurs fois épinglé pour des ententes illicites sur les prix au détriment des consommateurs. Aux acteurs du marché qui martèlent –en substance– que "à trois c'est mieux", Emmanuel Macron a répondu en personne ce dimanche par un avertissement.
"Je dis et répète que la consolidation n'est pas aujourd'hui souhaitable (..). L'emploi, l'investissement et le meilleur service aux consommateurs sont les priorités. Or les conséquences d'une consolidation sont à ces égards négatives, comme l'ont prouvé les cas récents en Europe", a ainsi jugé le ministre de l'Economie. Puis d'ajouter: "le temps n'est pas à des rapprochements opportunistes auxquels plusieurs peuvent trouver un intérêt qui ne retrouve pas ici l'intérêt général".
Selon le JDD, l'offre de SFR aurait été transmise à Bouygues il y a dix jours. Depuis, si les négociations vont bon train et se poursuivent encore ce dimanche, une date limite semble avoir été fixée puisqu'un conseil d’administration de Bouygues a été convoqué pour mardi 23 pour décider du sort de Bouygues Telecom.
À LIRE AUSSI
L'article vous a plu ? Il a mobilisé notre rédaction qui ne vit que de vos dons.
L'information a un coût, d'autant plus que la concurrence des rédactions subventionnées impose un surcroît de rigueur et de professionnalisme.
Avec votre soutien, France-Soir continuera à proposer ses articles gratuitement car nous pensons que tout le monde doit avoir accès à une information libre et indépendante pour se forger sa propre opinion.
Vous êtes la condition sine qua non à notre existence, soutenez-nous pour que France-Soir demeure le média français qui fait s’exprimer les plus légitimes.
Si vous le pouvez, soutenez-nous mensuellement, à partir de seulement 1€. Votre impact en faveur d’une presse libre n’en sera que plus fort. Merci.