Intelligence artificielle : votre employeur peut prédire si vous souhaitez démissionner

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France-Soir rédaction - X.A
Publié le 20 septembre 2019 - 13:44
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Les applications concrètes de l'intelligence artificielle sont en plein développement
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© MANJUNATH KIRAN / AFP/Archives
l'intelligence artificielle peut détecter les employés malheureux au travail
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Vous cherchez discrètement un autre emploi, ou vous l’avez déjà trouvé, mais vous n’avez pas encore prévenu votre patron de votre départ? Attention, car de petits détails peuvent désormais vous trahir. Vous allez peut-être moins souvent aux pots entre collègues, vous avez récemment terminé une formation, ou votre statut familial vient de changer... Ces données personnelles, passées à la moulinette du big data et de l’intelligence artificielle pourraient permettre à votre employeur de savoir si vous êtes fidèle à l’entreprise, ou si vous êtes sur le point de la trahir en partant chez la concurrence...

 

Brook Holtom, professeur de management à l’université de Georgetown, et David Allen, professeur à Warwick business school ont développé un algorithme qui permet d’attribuer aux employés un taux de probabilité de départ en temps réel, qui augmente donc quand le salarié est probablement en train de considérer une offre extérieure.

 

Prédire une décision que le salarié lui-même n’a pas encore prise

Les chercheurs ont déterminé que les gens changent de travail en raison de deux facteurs: les “chocs de changement”, la mauvaise intégration dans l’entreprise ou les tensions au travail. Les “chocs de changement” peuvent être liés à l’entreprise (baisse de la rentabilité, changement de stratégie, de bureaux, ou de règles internes) ou à la vie personnelle de l’employé (naissance d’un enfant, offre d’un autre travail). L’intégration dans l’entreprise est liée aux relations sociales au bureau, aux valeurs et intérêts partagés par le salarié et l’entreprise.

Grâce au machine learning, un algorithme peut analyser toutes les données disponibles liées à ces deux facteurs: les offres d’emploi, la situation de l’entreprise, du secteur, les anniversaires professionnels des employés, leurs nouveaux diplômes, les annonces de mariage, leurs postes précédents, leur formation et aptitudes, leurs capacités, leur sexe, leur domicile, l'intégration au sein de l’entreprise et la reconnaissance de la part de leurs collègues, mais aussi les changements dans l’entreprise (dans la hiérarchie, les départs, les acquisitions, etc,). Des informations apparemment anodines, mais qui combinées donnent des indices sur les intentions de changement.

 

Un risque pour les employés?

Les chercheurs ont utilisé leur algorithme sur 500 000 travailleurs aux États-Unis, qui ont été classés selon leur taux de probabilité de démission prochaine. Pour vérifier leurs calculs, ils ont envoyé des offres d’emploi aux salariés, et ceux dont le score était le plus élevé ont tous ouvert l’email et cliqué sur l’offre. Leur théorie semble donc fonctionner, mais rassurez-vous, en pratique cet outil devrait être utilisé pour améliorer la situation des employés, pas pour les punir. Le départ des bons salariés coûte en effet beaucoup d’argent aux entreprises, et grâce à de telles informations, il leur sera possible de tenter de retenir les meilleurs salariés malheureux, avec des entretiens individuels, des adaptations de leur travail, des avantages.

 

Algorithmes et “chatbot”, les nouveaux responsables RH

Les nouvelles technologies permettent donc d’anticiper les départs, et elles sont déjà omniprésentes dans les bureaux des ressources humaines. Les RH les utilisent pour filtrer les CVs, rechercher des candidats avec une IA, réaliser les entretiens d’embauche à l’aide de chatbots, ou même pour la formation, en s'entraînant en réalité virtuelle à rencontrer les candidats, ou pire, à mieux licencier les salariés. Cela fait froid dans le dos!

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