Accident nucléaire : les centrales françaises ne sont pas prêtes

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La rédaction de FranceSoir.fr
Publié le 11 mars 2019 - 19:49
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La centrale nucléaire du Bugey à Saint-Vulbas dans l'Ain, le 8 avril 2016
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© PHILIPPE DESMAZES / AFP/Archives
Huit ans après Fukushima, les avancées en termes de sécurité peinent à se concrétiser en France.
© PHILIPPE DESMAZES / AFP/Archives

Il y a huit ans, le tsunami qui a frappé la côte est du Japon a provoqué un accident nucléaire majeur. Les centrales françaises se sont alors lancées dans une évaluation ayant menée sur des procédures nouvelles mais qui peinent à devenir concrètes malgré les années passées.

Huit ans n'ont pas encore suffit à répondre pleinement aux inquiétudes autorités sur un parc nucléaire vieillissant. Alors que ce 11 mars 2019 marque l'anniversaire de l'accident nucléaire de Fukushima qui a irradié la région sur plus de 80 kilomètres et entraîné l'évacuation définitive de plusieurs villages, la France peine à faire évoluer ses procédures de sécurité malgré les avancées réelles.

Dès juin 2012, l'Autorité de sûreté nucléaire (ASN) avait exigé à l'issue d'évaluations menées après l'accident japonais des améliorations dans la réponse de crise en cas d'incident majeur. Dès la fin de l'année, une "force d'action rapide nucléaire" était mise en place: 300 personnes prêtes à intervenir en moins de 24 heures sur tous les sites. Mais cette option posait une question grave: quid des 24 premières heures, là où la réponse adéquate ou non de la crise se joue? Au 1er janvier 2020, soit presque neuf ans après Fukushima, un autre dispositif devra donc rentrer en vigueur: celui des "Equipes en situation extrême". Soit des agents déjà présents dans la centrale au moment de l'incident –ils sont au minimum 18 le soir et le week-end– formés à occuper les fonctions d'urgence dans l'attente des équipes d'astreinte. Mais les syndicats avaient alerté à l'époque sur les risques d'un système reposant sur la prise en urgence par certains agents de postes pour lesquels ils n'ont reçu qu'une formation théorique. Le site d'information Basta Mag (voir ici) décrivait le processus comme un jeu de "chaises musicales" où des techniciens de terrain formés devront endosser dans la précipitation le rôle d'ingénieurs de sûreté en cas de crise, avec les risques d'une faible qualification… et la réduction du nombre d'agents opérationnels –devant par exemple ouvrir une vanne d'un générateur de vapeur pour contrôler la température d'un réacteur–  puisque certains sont réquisitionnés en salle de contrôle.

Lire aussi: Manifestation contre le nucléaire à Paris, huit ans après Fukushima

Outre ces processus décriés qui mettent en outre du temps à devenir opérationnel, l'ASN s'inquiète aussi des dispositions qui tardent tout simplement à se mettre en place. Les autorités exigent en effet que la majorité des centrales s'équipent de "diesels d'ultime secours", des groupes électrogènes géants servant à garantir l’alimentation électrique des sites en cas de défaillance de toutes les autres sources d’électricité. Seuls deux réacteurs en sont actuellement équipés. EDF tarde à régler la note de l'achat de ces équipements qui s'élèveraient selon Le Monde (voir ici) à deux milliards d'euros. Quant au centre de crise "bunkerisé" permettant de piloter la gestion de la crise en cas d'incident, seul Flamanville en est doté. Les autres centrales espèrent avoir ce type d'installation pour répondre en urgence aux risques d'ici 2024. Treize ans auront déjà passé depuis Fukushima.

Voir aussi:

Réacteur EPR de Flamanville: EDF reconnaît un retard supplémentaire

Nucléaire: premier démarrage d'un réacteur EPR d'EDF en Chine

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