La PAC "moteur de la destruction de la biodiversité" : le cri d'alarme de 3600 scientifiques
La Politique Agricole Commune actuelle est le « moteur central » de l’effondrement de la biodiversité et de l’urgence climatique au sein de l’Union européenne. C’est le constat que dressent plus de 3600 scientifiques originaires de 63 pays qui réclament à l’UE une réforme profonde de la PAC, alors que le budget européen 2021-2027 est en cours de négociation.
Actuellement, expliquent ces experts internationaux, « près de 60 milliards d’euros des contribuables européens sont dépensés par an en subsides de l’UE qui finances principalement des pratiques agricoles intensives et industrielles ». Dans leur texte, les scientifiques rappellent également aux parlementaires les constats alarmants effectués ces dernières années en Europe : la population des oiseaux des champs a chuté de 55%, celle des insectes de 63%... Au total, plus de 40% de ces espèces encourent un risque d’extinction. Selon eux, aucun doute : « La PAC a mené à une intensification des pratiques agricoles produisant une banalisation des paysages, une forte augmentation des pesticides, de la fréquence des fauches, de l’extension de l’irrigation et de la destruction des prairies ».
80% des fonds de la PAC vont à 20% des exploitations
A l'heure actuelle donc, la PAC « sert les intérêts d’une oligarchie agro-industrielle », finançant des pratiques qui contribuent à la dégradation des sols et des terres. Car, comme le rappellent les signataires de cet appel, 80% des fonds alloués à l’agriculture en Europe sont aujourd'hui distribués à 20% des exploitations, les plus productives, finançant ainsi des pratiques qui détruisent la biodiversité à grande échelle. Une distribution injuste entre agriculteurs qui ne permet pas aux « petits », motivés à mettre en œuvre des pratiques plus vertueuses pour l’environnement, de se développer, ni même, parfois, de survivre.
Parmi les dix propositions des signataires, retenons notamment celles-ci :
- Éliminer les pratiques destructrices pur l’environnement en mettant un terme aux aides liées à la production et, progressivement, les paiements directs. Ces sommes devraient être ainsi alloués au soutien de la transition des exploitations vers une agriculture respectueuse de la nature.
- Dédier 10% de la surface agricole aux habitats naturels et semi-naturels (telles que les haies, les bandes fleuries, les fossés, les talus et les mares) afin de favoriser le développement de la biodiversité aujourd’hui saccagées par l’agriculture intensive.
- Accorder des financements spécifiques aux agriculteurs qui mettent en œuvre des activités des protection de la nature.
Le texte avait été présenté sous forme de graphique en novembre 2019 et vient d’être diffusé avec les signatures par la British Ecological Society.
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