Scandaleux au vu de la catastrophe climatique annoncée par nos scientifiques, le chauffage sur les terrasses de cafés va-il enfin être interdit? A Rennes, ce sera fait dès le 1er janvier. Pourt les autres grandes villes françaises, on continue de jouer les autruches, pendant que la COP 25 réfléchit pour nous.
Pour les occupants des terrasses, pour le plaisir de la cigarette ou de l'ambiance de la rue, elles sont synonymes de confort. Pour les professionnels de la restauration, elles sont une chance de faire venir les clients en toute saison. Les terrasses chauffées ont fleuri un peu partout depuis 2007 et l’interdiction de fumer dans les lieux publics. Avec pour spectacle surréaliste de voir des "consommateurs" atablés en terrasse en chemisettes alors qu'il neige (encore parfois)... L'ambivalence de notre société, parait-il inquiète du réchauffement climatique, atteint là un sommet.
On peut voir cela un peu partout … sauf dans certaines villes, comme Thonon-les-Bains, sans influencée par la Suisse toute proche ou de tous temps on propose des couvertures, qui les ont déjà interdites, et dans celles qui s’apprêtent à le faire. Les radiateurs extérieurs, les parasols et champignons chauffants disparaîtront ainsi du paysage urbain de Rennes dès le 1er janvier. Car comme le souligne Jacques Bartault, maire du 2e arrondissement de Paris, « chauffer une terrasse, c’est comme chauffer un appartement avec les fenêtres ouvertes ».
Interdiction à Rennes, tolérance à Paris
Pour comparaison, la mise en fonction de quatre braseros au gaz pendant huit heures émet autant de CO² qu’une voiture de grosse cylindrée qui parcourt 350 km. La Ville de Rennes a donc tranché, s’appuyant sur des arguments écologiques, mais également esthétiques – la mise en valeur du patrimoine. Exit, donc, les chauffages, mais aussi les barnums fermés, sur les 500 terrasses de la ville bretonne.
La situation est logiquement moins simple dans des métropoles comme Paris, la capitale abrite plus de 9000 terrasses. L’interdiction des chauffages constitue un manque à gagner évident pour les professionnels. Le syndicat national des hôteliers, restaurateurs, cafetiers et traiteurs, rappelle ainsi de la moitié des établissements parisiens se sont équipés, et que le chauffage en terrasse peut représenter jusqu’à 20 % de leur chiffre d’affaires dans les grandes villes et les zones touristiques.
A Paris, où l'on a connu Anne Hidalgo, la maire, plus courrageuse sur d'autres dossiers environnementaux, la poire a jusqu’à présent été coupée de manière assez incompréhensible en deux. Les terrasses chauffées sont autorisées, y compris pour des établissements culturels, mais les braseros et leurs bonbonnes de gaz, eux, sont d’ores et dejà interdits. Il s’agit bien du mode de chauffage extérieur le plus polluant, même si l’on ne peut pas dire que les systèmes électriques sont une aubaine pour la planète. Car ils sont eux aussi émetteurs de CO², en particulier dans les phases de production, de transformation et de transport de l’énergie jusqu’à ces très chères terrasses.
Les particuliers aussi
Si l’argument économique s’oppose à l’argument écologique pour les terrasses chauffées des professionnels, qu’en est-il des particuliers ? Beaucoup ont en effet succombé à la mode. Parasols chauffants au gaz propane ou chauffage électrique à infrarouge, ils totalisent un tiers des ventes de chauffage extérieur.
L’argument du confort, celui du plaisir de profiter de son jardin, de sa terrasse ou de son patio en hiver prime sur les considérations écologiques. Un chauffage d’une puissance de 14000 kW émet, selon le site Novethic, 3 kg de CO² par heure, soit autant, pour reprendre la comparaison avec l’automobile, qu’une voiture en stationnement avec un moteur qui tourne. De quoi réfléchir avant d’acheter et éventuellement accepter de perdre un certain confort ? Pendant que nos ministres de l'environnement devisent pendant la COP 25 sur l'avenir climatique de la planète, on peut bien faire ce geste.