Créer un potager dans un lieu aride, c’est possible
Des salades sur du sable. Pionnier de l’agro-écologie en Afrique, Gora NDiaye a créé sa ferme de Kaydara en plein désert sénégalais.
Au début des années 2000, il n’y a que du sable dans le village de Keur Samba Dia, situé dans la Commune de Fimela (région de Fatick, Sénégal). Pourtant, c’est là que Gora NDiaye décide d’implanter son exploitation agricole. « C’était désertique, il n’y avait pas un seul arbre ici. Tout était sec, c’était même un terrain de football pour les jeunes du village », raconte-t-il dans un reportage diffusé sur France 2. Avisé de la présence d’eau à quatre mètres sous la terre, il achète ce morceau de terre pour un prix dérisoire et se met au travail en 2003.
Premier objectif de Gora NDiaye : restaurer la fertilité du sol, grâce à des méthodes naturelles : compost, paillage, engrais verts, technique de la rotation, fumures recyclées, jachère, plantation d’arbres fertilitaires comme les vétivers ou les cocotiers, qui fixent le sable et retiennent l’eau.
Son exploitation suivra les préceptes de la permaculture, forme d’agriculture qui s’inspire de la nature pour développer un écosystème équilibré, basés sur la diversité des cultures, leur résilience et leur productivité naturelle. A Kaydara, les navets et les oignons poussent donc sous les papayers et la menthe à l’ombre des cocotiers. Un système radicalement opposé à ce qui se fait traditionnellement au Sénégal : des monocultures de riz, d’arachide ou de mil, responsables selon Gora NDiaye de la pauvreté des agriculteurs et de la désertification des sols à travers la destruction des arbres.
Kaydara : une ferme… et une école
Gora NDiaye a également voulu que sa ferme de Kaydara soit une école, dans laquelle il forme une vingtaine d’élèves par an à l’agro-écologie. L’objectif de cet autodidacte est de former et de transmettre son savoir, pour que d’autres potagers jaillissent du sable au Sénégal. « Kaydara » est d’ailleurs le nom d’un conte initiatique peul, transmis par Amadou Hampaté Bâ, dans lequel le Savoir prévaut sur l’Avoir et le Pouvoir. Une quarantaine d’anciens élèves de Kaydara ont aujourd’hui créé leur propre ferme au Sénégal.
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