Propagation des virus : le changement climatique en nouvel accusé
Les conditions environnementales actuelles ont-elles favorisé la propagation du coronavirus? Les changements climatiques vont-ils déclencher d’autres pandémies et autres menaces sur la santé? Les scientifiques, se posent en effet ces questions. Et les réponses sont nuancées, voire divergentes, pour l'instant seulement?
Le changement climatique a-t-il causé le coronavirus? Pour la climatologue Katharine Hayhoe, la réponse est non. Mais cela ne signifie pas que le changement climatique n'a rien à voir avec la propagation du virus, car environnement et pandémie sont strictement liés.
Les grippes et les virus sont désormais plus ou moins saisonniers, mais avec le changement climatique, les saisons se confondent les unes avec les autres. La saison propice à la grippe se prolonge quasiment toute l’année, comme c’est déjà le cas sous les tropiques. Cette prolongation permettra aux virus de muter en souches plus dangereuses.
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Hivers trop chauds
Ca n’est pas tout: un climat plus chaud pourrait aussi avoir un impact sur la qualité de notre réponse immunitaire. Les hivers étant de plus en plus chauds, les gens prennent moins de précautions contre les infections hivernales, et sont moins enclins à se faire vacciner. La prochaine épidémie de grippe va donc peut-être commencer plus tôt et être beaucoup plus virulente.
Les moustiques, les tiques et la fonte des glaciers multiplient également les menaces
Lors d’une interview pour Reporterre, Emmanuel Drouet, enseignant-chercheur à l’Institut de biologie structurale de Grenoble (Isère) explique comment le changement climatique va stimuler les pandémies et autres menaces sur la santé, concrètement à cause de l’expansion des insectes vecteurs de maladies, et de la liberation des bactéries et virus inconnus ou oubliés, lors du déglacement des articques.
Des maladies transmises par des insectes pourraient nous prendre par surprise
Certaines maladies infectieuses ou parasitaires commencent à conquérir des zones au delà des latitudes tropicales et subtropicales. Les années plus chaudes augmentent leur période d’activité et de reproduction. Par exemple, les moustiques tigres, vecteur de nombreuses maladies, dont la fièvre jaune et la dengue, sont déjà en train de se répandre sur la planète entière.
Selon Eric Drouet, trois milliards de personnes supplémentaires seront exposées à un risque d’infection et de transmission de la dengue d’ici les années 2080, en raison du changement climatique. En France, la dengue sera le danger numéro 1 pour la santé publique dans les années à venir.
A prendre au sérieux
Outre les moustiques tigres, les tiques sont aussi plus présentes et ont gagné des latitudes et altitudes plus élevées en Europe. Ces insectes sont vecteurs de la maladie de Lyme, qui peut avoir des conséquences graves au niveau neurologique. Une variété de tique, déjà observée dans le sud de France, peut aussi transmettre la fièvre hémorragique de Crimée-Congo.
Contre les quatre souches virales de la dengue, comme pour le Covid-19, il n’existe pas de vaccin adapté, et la fièvre hémorragique est aussi à prendre au sérieux à cause de son taux de létalité qui peut atteindre 40 %.
Le dégel du pergélisol : Gare aux nouveaux virus
Dans les régions arctiques, le sol gelé en permanence pendant au moins deux ans, appelé le pergélisol, se dégèle. Ce phénomène pourrait faire ressurgir des restes d’humains, d’animaux et de végétaux conservés depuis des centaines de milliers d’années, et les bactéries et les virus qu’ils contiennent, ayant été congelés, ne sont pas toujours morts.
Ces dernières années, des chercheurs ont découvert des virus et des bactéries enfouies dans le pergélisol de Sibérie depuis des millénaires.
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