L’État veut imposer le "zéro déchet" aux services de livraison de repas
Si vous êtes écolo et accro à Deliveroo ou Uber Eats, c'est possible, car le secteur de la livraison de repas va peut-être bientôt passer au vert. Mercredi la secrétaire d’État à la Transition écologique et solidaire Brune Poirson a invité au ministère, les patrons des principales entreprises du secteur pour discuter sur comment en finir avec le tout jetable.
Des devoirs de vacances pour les start-ups de la Food tech
Ce secteur clé dans de l’économie, et, en plein expansion, a été fortement mis à contribution pendant le confinement, et a permis à de nombreux restaurants et services de restauration de rester actifs, malgré la fermeture de leurs établissements recevant du public. En 2018, les plateformes de livraison ont livré 200 millions de repas en France, selon le ministère. Brune Poirson a déclaré, suite à cette réunion, que ces start-ups doivent réfléchir à une stratégie de lutte contre la pollution des plastiques et l'inscrire dans la pérennité et dans la durabilité de leur ‘business model’.
Uber Eats, Deliveroo, Frichti et Sushi Shop ont reçu comme deadline Octobre 2020 pour élaborer un plan incluant des critères de réduction, de réutilisation et de recyclage de leurs emballages en plastique.
Quelques mesures ont été explorées: recyclage, ou consigne et réemploi ?
Et si la solution était de faire payer une consigne aux consommateurs, qui leur serait rendue une fois les emballages utilisés et rendus, selon des modalités à définir?
À ce propos, Laura Châtel, juriste de Zéro Waste France, association ayant participé à cette réunion ministérielle, a déclaré avoir été agréablement surprise par le ton employé et par le discours qui mettait la priorité sur le réemploi des emballages. Comme Zero Waste l’explique dans un ouvrage récent, la réutilisation et non le recyclage, serait la vraie solution à la surconsommation de plastique jetable et à la pollution associée.
En effet, même si le recyclage apparaît pour certains comme la clé du casse-tête de la gestion des déchets, d’autres, comme Zero Waste France, considèrent qu’il s’agit d’une solution cache misère ou même d’un “écran de fumée”. Le mythe du recyclage possible à l’infini aurait été utilisé comme un leurre pour éviter toute remise en question sérieuse d’activités économiques surconsommatrices et surproductrices de déchets.
Châtel espère que les bonnes intentions de la réunion ne restent pas lettre morte « Maintenant il faut que ce soit transformé dans les textes », a-t-elle déclaré.
Un système de gestion d’emballages réutilisables existe déjà pour les entreprises et les restaurants
GreenGo, également représenté lors de cette réunion, est un exemple de gestion numérique de la consigne de contenants en verre, qui fonctionne pour la restauration à emporter. À l’aide d’une application mobile, il est possible de payer sa consigne en un clic et d’emporter son repas dans un récipient en verre. Une fois le repas fini (à la maison ou au bureau), le client peut revenir rendre son bocal vide et son couvercle dans le collecteur situé dans l’espace de restauration. Le collecteur est capable de reconnaître la forme du contenant et son intégrité. Et la consigne est créditée automatiquement dans la cagnotte digitale du client sur l’application mobile.
En un an, 1,7 tonne d’emballages pourraient éviter la poubelle grâce à ce système, déployé au niveau de cinq points de restauration de la Tour Basalte de la Société Générale à la Défense.
Lucas Graffan, cofondateur de la société GreenGo, est satisfait de la direction prise: “Ça met un petit coup de pression aux acteurs du secteur”.
Le ministère de l'environnement suit de près l’industrie Agroalimentaire
Outre les start-ups de livraison, l’industrie agroalimentaire et de la distribution a aussi été rappelée à l’ordre par le ministère de l’environnement. En février 2019 le gouvernement français et treize géants de l’agroalimentaire (Danone, Uniliver,Nestle …) et de la grande distribution comme Carrefour, Monoprix et Auchan entre autres, ont signé un Pacte national sur les emballages plastiques pour repenser collectivement l’utilisation du plastique, vers un usage plus sobre et une meilleure gestion de cette matière polluante.
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