Les mers sont polluées par des armes datant des deux guerres mondiales
Après les deux guerres mondiales, de nombreuses armes ont été jetées en mer. Des apnéistes et des pêcheurs croisent régulièrement des explosifs et munitions de guerre près de la côte, et en informent les autorités compétentes pour la neutralisation. Mais la libération des matériaux toxiques dans la mer pose une question d'ordre environnemental.
La localisation et le nombre d’explosifs est inconnu
En 2016, des plongeurs des marins-pompiers de la ville de Marseille ont identifié 50 obus le long des plages du centre-ville. Des plongeurs démineurs sont intervenus pour faire exploser en sécurité des missiles et obus datant de la Seconde Guerre mondiale, mais le nombre d’explosifs restants est inconnu.
Début mai 2022, une nouvelle mission de neutralisation d'explosif a été effectuée près du centre-ville. La Convention du milieu marin Ospar a recensé 148 décharges dans le Nord-Est de l’océan Atlantique. En mer du Nord, on estime jusqu'à 300 000 tonnes d’armes. Au Havre (Seine-Maritime), 2 000 munitions avaient été repérées, et le ministère de la Transition écologique affirmait alors que la France étudiait la mise en place d’un recensement de la nature et de la localisation des munitions immergées à partir d’informations scientifiques fiables...
Des armes chimiques impossibles à neutraliser
Dans la mer, il n’y a pas seulement des explosifs que l’on peut neutraliser, mais aussi des munitions chimiques. Ce gaz chloré a été utilisé pour la première fois en 1915, lors de la Première Guerre mondiale. En 1920, on ne savait pas quoi faire de ces stocks de munitions. Olivier Lepick, chercheur associé à la Fondation pour la recherche stratégique, spécialiste des armes chimiques, explique que sans aucune conscience environnementale, on a décidé d’en charger des bateaux et de les immerger non loin des côtes. Pour l’ONG de défense des océans Sea Shepherd, ces armes représentent "une bombe à retardement". Il y aurait au moins 62 décharges d’armes chimiques sur les côtes Atlantiques et le long de la Manche, ainsi que des résidus radioactifs dissous dans la mer.
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Risque de contaminations de la chaîne alimentaire, des sédiments et des eaux de baignade
Charlotte Nithart, de l’association Robin des bois, ONG chargée du rôle d’observateur de la convention Ospar, dénonce sur Actu.fr le danger de ces armements submergés, qui pourraient nous contaminer. L’association Sea Shepherd pronostique un désastre environnemental suite à la corrosion des armes et la libération dans l’eau des substances nocives telles que le plomb, mercure, gaz et liquides toxiques, nitrates ou phosphore.
Pas de solution à cause du secret défense
Les associations pour la préservation de la mer se trouvent dans une impasse, car les informations pour agir sont protégées par le secret défense. En effet, un article du code du patrimoine datant de 2008 rend incommunicables les "archives publiques dont la communication est susceptible d’entraîner la diffusion d’informations permettant de concevoir, fabriquer, utiliser ou localiser des armes nucléaires, radiologiques, biologiques, chimiques […]". Selon Corinne Lepage, avocate environnementale, il ne s’agit pas de chercher à dévoiler ce qui compose ces armes, ou bien où elles ont été fabriquées, mais de communiquer sur le degré de pollution chimique dans la mer à proximité de ces armes, de mesurer leur impact sur l'environnement, et d’interdire pour toujours l’utilisation de la mer comme un vide-ordures.
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