Les mers sont polluées par des armes datant des deux guerres mondiales

Auteur(s)
FranceSoir
Publié le 08 juin 2022 - 14:43
Image
apneiste
Crédits
Unsplash
La Convention du milieu marin Ospar a recensé 148 décharges dans le Nord-Est de l’océan Atlantique.
Unsplash

Après les deux guerres mondiales, de nombreuses armes ont été jetées en mer. Des apnéistes et des pêcheurs croisent régulièrement des explosifs et munitions de guerre près de la côte, et en informent les autorités compétentes pour la neutralisation. Mais la libération des matériaux toxiques dans la mer pose une question d'ordre environnemental.

La localisation et le nombre d’explosifs est inconnu

En 2016, des plongeurs des marins-pompiers de la ville de Marseille ont identifié 50 obus le long des plages du centre-ville. Des plongeurs démineurs sont intervenus pour faire exploser en sécurité des missiles et obus datant de la Seconde Guerre mondiale, mais le nombre d’explosifs restants est inconnu.

Début mai 2022, une nouvelle mission de neutralisation d'explosif a été effectuée près du centre-ville. La Convention du milieu marin Ospar a recensé 148 décharges dans le Nord-Est de l’océan Atlantique. En mer du Nord, on estime jusqu'à 300 000 tonnes d’armes. Au Havre (Seine-Maritime), 2 000 munitions avaient été repérées, et le ministère de la Transition écologique affirmait alors que la France étudiait la mise en place d’un recensement de la nature et de la localisation des munitions immergées à partir d’informations scientifiques fiables...

Des armes chimiques impossibles à neutraliser

Dans la mer, il n’y a pas seulement des explosifs que l’on peut neutraliser, mais aussi des munitions chimiques. Ce gaz chloré a été utilisé pour la première fois en 1915, lors de la Première Guerre mondiale. En 1920, on ne savait pas quoi faire de ces stocks de munitions. Olivier Lepick, chercheur associé à la Fondation pour la recherche stratégique, spécialiste des armes chimiques, explique que sans aucune conscience environnementale, on a décidé d’en charger des bateaux et de les immerger non loin des côtes. Pour l’ONG de défense des océans Sea Shepherd, ces armes représentent "une bombe à retardement". Il y aurait au moins 62 décharges d’armes chimiques sur les côtes Atlantiques et le long de la Manche, ainsi que des résidus radioactifs dissous dans la mer.

Lire aussi : Les prairies méditerranéennes de posidonie sont intoxiquées par la crème solaire

Risque de contaminations de la chaîne alimentaire, des sédiments et des eaux de baignade

Charlotte Nithart, de l’association Robin des bois, ONG chargée du rôle d’observateur de la convention Ospar, dénonce sur Actu.fr le danger de ces armements submergés, qui pourraient nous contaminer. L’association Sea Shepherd pronostique un désastre environnemental suite à la corrosion des armes et la libération dans l’eau des substances nocives telles que le plomb, mercure, gaz et liquides toxiques, nitrates ou phosphore.

Pas de solution à cause du secret défense

Les associations pour la préservation de la mer se trouvent dans une impasse, car les informations pour agir sont protégées par le secret défense. En effet, un article du code du patrimoine datant de 2008 rend incommunicables les "archives publiques dont la communication est susceptible d’entraîner la diffusion d’informations permettant de concevoir, fabriquer, utiliser ou localiser des armes nucléaires, radiologiques, biologiques, chimiques […]". Selon Corinne Lepage, avocate environnementale, il ne s’agit pas de chercher à dévoiler ce qui compose ces armes, ou bien où elles ont été fabriquées, mais de communiquer sur le degré de pollution chimique dans la mer à proximité de ces armes, de mesurer leur impact sur l'environnement, et d’interdire pour toujours l’utilisation de la mer comme un vide-ordures.

À LIRE AUSSI

Image
Christophe Doré
Écologie : "Nous avons les solutions et nous avons tous un rôle à jouer" Christophe Doré
Après avoir parcouru le monde pendant plusieurs années, l'ancien grand reporter spécialiste des questions environnementales Christophe Doré a publié son livre "La prom...
23 avril 2022 - 19:00
Vidéos
Image
Bertrand Alliot
"Le récit de la catastrophe écologique peut durer très longtemps" Bertrand Alliot
Peut-on imaginer une écologie non catastrophiste ? C'est le pari que fait Bertrand Alliot, porte-parole de l'association "Action Écologie". Selon lui, concernant la qu...
03 novembre 2021 - 18:23
Vidéos
Image
Inondations le 16 juillet 2021 aux Pays-Bas
Aux Pays-Bas, un "conseil de l'eau" protège les terres des inondations depuis le Moyen Âge
Pour résister aux inondations, les Pays-Bas ont trouvé la solution : un « conseil de l’eau » qui, depuis le Moyen Âge, gère la création de digues servant à retenir les...
05 décembre 2021 - 12:45
Société

L'article vous a plu ? Il a mobilisé notre rédaction qui ne vit que de vos dons.
L'information a un coût, d'autant plus que la concurrence des rédactions subventionnées impose un surcroît de rigueur et de professionnalisme.

Avec votre soutien, France-Soir continuera à proposer ses articles gratuitement  car nous pensons que tout le monde doit avoir accès à une information libre et indépendante pour se forger sa propre opinion.

Vous êtes la condition sine qua non à notre existence, soutenez-nous pour que France-Soir demeure le média français qui fait s’exprimer les plus légitimes.

Si vous le pouvez, soutenez-nous mensuellement, à partir de seulement 1€. Votre impact en faveur d’une presse libre n’en sera que plus fort. Merci.

Je fais un don à France-Soir

Dessin de la semaine

Portrait craché

Image
ARA
Décès de ARA, Alain Renaudin, dessinateur de France-Soir
Il était avant toute chose notre ami… avant même d’être ce joyeux gribouilleur comme je l’appelais, qui avec ce talent magnifique croquait à la demande l’actualité, ou...
07 novembre 2024 - 22:25
Portraits
Soutenez l'indépendance de FS

Faites un don

Nous n'avons pas pu confirmer votre inscription.
Votre inscription à la Newsletter hebdomadaire de France-Soir est confirmée.

La newsletter France-Soir

En vous inscrivant, vous autorisez France-Soir à vous contacter par e-mail.