Réchauffement climatique, activité humaines : les dangers qui menacent l'ours polaire
A la suite de l'histoire, pas si fictive, de l'ours polaire Tara et de ses deux, petits Jean-Marc Neumann, président de TELAS Conseil, consultant en stratégie, politique et règlementation de la protection animale, revient en détail sur les dangers qui menacent l'espèce.
Les ours polaires font partie des espèces les plus menacées par le réchauffement climatique et les activités humaines. La réduction de la banquise est la principale menace qui pèse sur la survie des ours à long terme, puisqu’ils chassent leur principale proie (les phoques) uniquement depuis la surface de la glace. Le tourisme et les perturbateurs endocriniens représentent aussi d'importants dangers pour ces ursidés.
> Le réchauffement climatique et la fonte prématurée des glaces
C’est le danger premier auquel on pense. Il met les ours polaires et plus largement toutes les espèces de l’écosystème en péril.
La sous-population de la mer de Barents est considérée comme l’une des plus vulnérables à la réduction de la surface des glaces et donc l’une de celles où l’ours polaire aura le plus de difficultés à se maintenir au cours de la deuxième moitié du 21e siècle.
La zone de distribution et l’habitat de l’ours polaire, sauf miracle, se réduira comme peau de chagrin. A moins que l’homme ne parvienne rapidement (et encore les effets ne pourront alors être observés qu’après écoulement d’un certain temps) à stopper le réchauffement climatique.
La situation est préoccupante, très préoccupante. Si de réels progrès sont entrepris pour réduire les émanations de CO2, le développement des pays émergents et leur envie, certes compréhensible mais malheureusement annonciatrice de catastrophes écologiques, de copier le mode de vie occidental et de consommer, a de quoi inquiéter.
> Le tourisme arctique
Cette forme de tourisme par voie maritime se développe et expose l’ursidé à un autre péril qui peut devenir mortel: les rencontres avec des touristes.
Ainsi un ours polaire a été tué le 28 juillet 2018 par un membre d'équipage d’un navire de croisière le MS Bremen qui naviguait dans l’archipel du Svalbard. L’un des deux membres d’équipage a été attaqué et blessé par un ours polaire au moment de débarquer sur une île avec des touristes. L’autre membre a du faire usage de son arme et a blessé mortellement l’ours.
Les conflits avec le plus grand carnivore terrestre risquent d’être de plus en plus nombreux compte tenu du nombre de navires qui naviguent actuellement dans les zones arctiques. En 2018 également un ours polaire tuait un homme à Arviat dans le Nunavut au Canada.
Pour certains le décès tragique n'était pas sans lien avec le tourisme de plus en plus développé autour du "business" de l'ours polaire un peu plus au sud dans le Manitoba où se trouve la petite ville de Churchill proclamée "capitale de l’ours polaire".
C'est elle qui serait responsable de l'accoutumance de l'ours polaire aux humains et à ses activités (notamment à proximité des décharges).
Chaque année en octobre des milliers de touristes débarquent pour y faire un tour en buggy de la toundra et ainsi, sans aucun risque, éprouver le grand frisson... oui sauf qu'à vouloir faire circuler durant des semaines des touristes dans ce genre de véhicules voire en les emmenant à pied au plus près des ours polaires, l'animal s'habitue à la présence à la fois du bruit et des hommes.
Alors que par le passé, le moindre bruit de moteur faisait déguerpir l'ours, celui-ci est de plus en plus téméraire et s'approche des humains jusqu'à ce que l'irréparable se produise.
Plus tôt, en août 2011, un accident dramatique s'était produit dans l'Archipel du Svalbard: un adolescent britannique faisant du tourisme en groupe y avait été tué par un ours polaire.
Il faut bien se rendre à l'évidence: dans un contexte extrêmement difficile pour l'ours polaire qui souffre déjà du réchauffement climatique et de ce fait de la difficulté d'accès à sa nourriture classique (phoques), ajouter le déferlement de touristes sur des côtes isolées sur lesquelles les ours sont contraints de demeurer faute de banquise et donc d’accès à leur nourriture est un comportement irresponsable.
Il faut laisser les ours polaires mener leur vie en les perturbant le moins possible.
> Les "POP"
Les ours se nourrissent d’animaux (phoques) contenant des polluants organiques persistants appelés "POP" tels que les PCB -ajourd’hui interdits et le perfluorooctanesulfonate ("PFOS") qui perturbent le système endocrinien. Ces POP remontent toute la chaîne alimentaire et ce, à des doses extrêmement toxiques.
Le lait de l’ourse destiné à nourrir ses petits est ainsi très fortement contaminé et entraîne des perturbations du système endocrinien.
Ainsi que nous l’avons vu, l’ours polaire doit faire face à plusieurs périls potentiellement mortels pour lui. Il appartient à l’homme de réduire au maximum l’empreinte qu’il laisse sur son environnement afin de sauver le plus grand carnivore terrestre dont il ne resterait (selon le chiffre le plus fréquemment avancé) que 25.000 individus dans le monde.
Lire aussi:
Tara l'ourse polaire face au réchauffement climatique – Episode 1: la tanière
Tara l'ourse polaire face au réchauffement climatique – Episode 2: la naissance
Tara l'ourse polaire face au réchauffement climatique – Episode 3: Le grand départ
Tara l'ourse polaire face au réchauffement climatique – Episode 4: la chasse
Tara l'ourse polaire face au réchauffement climatique – Episode 5: La débâcle
Tara l'ourse polaire face au réchauffement climatique – Episode 6: la lutte pour la vie
Tara l'ourse polaire face au réchauffement climatique – Episode 7: l'épilogue
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