Un statut juridique pour protéger la Lune de l’exploitation humaine ?
Au cœur de nombreux projets internationaux visant à exploiter ses ressources, la Lune devrait devenir une personnalité juridique. C’est le plaidoyer d’une archéologue spatiale australienne, Alice Gorman, sur The Conversation, relayé par le site Usbkterica.com.
Alice Gorman est archéologue de l'espace et s’intéresse en effet à l’impact de la course à la Lune sur notre satellite. Et s’interroge : « Devrions-nous traiter cet objet céleste, qui appartient à la culture humaine depuis des millions d’années, comme une simple ressource ? »
Car dans les années à venir, l’importance stratégique de notre satellite va grandir. Les projets de colonisation lunaire sont de plus en plus nombreux : l’Agence spatiale européenne veut construire un « village lunaire », la Nasa veut en faire une station orbitale via son projet « Lunar Gateway », les Chinois ont commencé son exploiration pour localiser ses ressources naturelles, sans oublier plusieurs projets privés, à l’instar de celui Jeff Bezos, Blue Origins… Si la Lune est de plus en plus convoitée, c'est notamment pour ses ressources en hélium-3 (carburant idéal pour la fusion nucléaire) et en eau, qui seraient utiles pour ravitailler les astronautes, mais aussi pour les nombreux métaux précieux que son sol renferme.
La Lune pourrait poursuivre des personnes en justice
Ces velléités d’exploitation et de colonisation de la Lune inquiète donc la scientifique australienne qui propose une solution juridique d’ores et déjà utilisée pour favoriser la préservation écologique de plusieurs sites sur Terre. A l’instar, par exemple, du fleuve Whanguini, qui court en Nouvelle-Zélande et est reconnu entité vivante et doté de droits personnels depuis 2017. Ce statut permettrait ainsi de donner à la Lune, via un humain qui la représenterait, « le droit de conclure des contrats, de posséder des biens et de poursuivre des personnes en justice ».
La Lune, mémoire de la formation de la Terre
Ce droit pourrait être justifié par deux aspects de la Lune, explique Alice Gorman. Sa mémoire, d’abord : témoin de l’histoire de la formation du système solaire et de notre planète, la Lune intéresse en effet les scientifiques pour ce qu’elle pourrait nous révéler sur la formation de la Terre il y a près de 4,5 milliards d’années. Sans oublier les traces laissées par les premières missions lunaires, à commencer par la centaine d’objets abandonnés sur la Base de la Tranquillité, où ont aluni Buzz Aldrin et Neil Armstrong en 1969 (une caméra de télévision, du matériel expérimental et les bottes de Buzz Aldrin notamment).
La Lune réagit aux actions des hommes
Deuxième aspect justifiant l’attribution à la Lune cette « personnalité juridique », son « agentivité ». Cette notion est empruntée à la philosophie et fait référence à la faculté d’action d’un être. Car non seulement, explique la chercheuse, la Lune influence indirectement l’action des hommes à travers leurs croyances et les pouvoirs surnaturels que lui confèrent diverses cultures. Mais en plus, elle a montré par le passé qu’elle réagit « aux perturbations humaines en soulevant de la poussière qui irrite les poumons, détruits les joints et abîmes les équipements ».
Réglementer l’exploitation de la Lune afin de ne pas dégrader ce qu’elle est aujourd’hui est-il réellement envisageable ? Ce n’est, a priori, pas à l’ordre du jour, Donald Trump ayant signé, en avril dernier, un décret visant à « encourager l’appui international à la récupération et à l’utilisation des ressources spatiales »...
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