Accident de Brétigny : des "hommes de terrain" doivent être poursuivis selon les proches des victimes
Les victimes de la catastrophe ferroviaire de Brétigny-sur-Orge (Essonne) en 2013 souhaitent que des "hommes de terrain", et non uniquement des entreprises, soient poursuivis, a déclaré ce samedi 3 à l'AFP l'association qui les regroupe. "Les rapports d'expertises ont montré qu'il y avait des manquements à tous les niveaux de la hiérarchie", a dit Thierry Gomes, président d'Entraide et défense des victimes de la catastrophe de Brétigny, en marge d'une assemblée générale de l'association à Paris.
"On ne peut méconnaître des responsabilités d'hommes de terrain", "cheminots", "agents mainteneurs de voies" ou leur hiérarchie, a-t-il ajouté. M. Gomes, qui a perdu ses parents lors de l'accident, questionne notamment l'efficacité des rondes nocturnes de surveillance des voies et la vitesse à laquelle roulait le train sur "un secteur reconnu dangereux".
Les juges d'instruction, qui ont rencontré les victimes en mai, ont répondu "que leurs investigations sont suffisantes, alors qu'elles n'ont pas visé de façon explicite les fautes des personnes physiques", a regretté Gérard Chemla, avocat de l'association. L'association a demandé aux juges "de creuser davantage" en pointant certains éléments susceptibles de "mettre en évidence des fautes individuelles", a-t-il expliqué. Cette demande d'actes a été refusée, l'association a fait appel. Les juges "ont motivé leur décision sur la base des éléments apparus dans le cours de l'instruction", a commenté le parquet d'Evry, joint par l'AFP.
Le 12 juillet 2013, le train Paris-Limoges avait déraillé en gare de Brétigny-sur-Orge à cause d'une éclisse - sorte de grosse agrafe qui maintient deux rails consécutifs -, dont une fissure n'avait pas été détectée lors des tournées de surveillance, et dont trois des quatre boulons s'étaient cassés ou dévissés. L'éclisse avait alors pivoté, provoquant l'accident. Bilan: sept morts et des dizaines de blessés.
Selon les experts judiciaires, l'aiguillage mis en cause s'est désassemblé progressivement par défaut de maintenance, ce que conteste la SNCF qui privilégie le scénario d'une fissuration rapide et brutale. Seules deux personnes morales ont été mises en examen à ce jour, la SNCF et SNCF Réseau (ex-RFF), toutes deux pour homicides et blessures involontaires.
Trois cheminots de la SNCF, chargés de la surveillance des voies au moment du déraillement, ont été placés sous le statut intermédiaire de témoin assisté. "On ne veut pas des têtes, juste que tout le monde soit là" au tribunal, a assuré l'avocat.
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