Accident de Brétigny : la SNCF aurait manipulé l'enquête
C'est une révélation du Canard enchaîné. Dans son édition de ce mercredi, l'hebdomadaire satirique prétend que la SNCF aurait manipulé l'enquête judiciaire menée suite à l'accident de Brétigny. Cette petite bombe, qui risque de faire grand bruit au sein de la compagnie ferroviaire, a été découvert grâce à une mise en écoute. Pendant l'enquête, les trois juges chargés de l'instruction auraient ainsi placé sur écoute téléphonique les collaborateurs de Guillaume Pepy, le président de l'entreprise. C'est au travers des conversations enregistrées qu'ils auraient alors découvert que les témoins étaient "briefés" par le service juridique avant leur audition par la justice. Sans grande surprise, la tenue de leurs conversations n'aurait rien à voir avec leur discours officiel.
Ainsi, le service juridique de la SNCF aurait convoqué chaque cheminot avant leur audition en conseillant de "ne rien apporter aux policiers". Dans l'une des écoutes rapportées par l'hebdomadaire, la manœuvre semble claire. Le cadre Christophe Bolhy aurait notamment confié à son collègue avoir été convoqué par la police. Ce à quoi son interlocuteur lui aurait répondu: "oh putain! Il faut vraiment que tu te fasses briefer par Claire (cadre juridique au service de la SNCF). Il faut absolument… Il faut qu'on sache exactement ce qu'on peut dire". Ce même cadre, dont les conversations ont été interceptées, se serait également exprimé sur le travail des salariés de Brétigny dans un autre appel: "Brétigny, c'est des crevards. Faut tous les foutre dehors!", aurait-il confié à son supérieur, assurant auparavant aux juges ne pas savoir si les travaux de maintenance y sont correctement menés.
Dans cette édition, Le Canard enchaîné rapporte également d'autres extraits de dialogue, édifiants pour la SNCF, dont l'un concerne une pièce maîtresse des intersections entre deux voies, soupçonnée d'avoir causé l'accident. Au téléphone, un autre cadre se serait lâché."Elle est pourrie mais c'est pas la seule... Toutes les TJ (traversée-jonction, NDLR) de Brétigny sont dans cet état-là!", aurait-il déclaré avant de nuancer ses propos devant les juges au moment où ils lui auraient mis les PV sous le nez. "Quand je dis pourrie, ça ne veut pas dire en dehors des normes, ça veut dire vieux".
Le 12 juillet 2013, le train Corail Intercité reliant Paris à Limoges avait déraillé en gare de Brétigny-sur-Orge dans l'Essonne provoquant la mort de 7 personnes et en blessant gravement 32 autres. Depuis l'ouverture d'une information judiciaire par le parquet d'Evry, seules deux personnes morales ont été mises en examen, la SNCF et Réseau ferré de France (RFF), toutes deux mises en cause pour homicides et blessures involontaires. Trois cheminots de la SNCF, chargés de la surveillance des voies au moment du déraillement, ont par ailleurs été placés mi-janvier sous le statut de témoin assisté.
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