Affaire Maëlys : l'enquête au point mort depuis 2 mois, le mystère est total
Le cap des trois mois depuis la disparition de la petite Maëlys de Araujo est maintenant passé. Et depuis maintenant deux mois environ, l'enquête semble figée. Aucune évolution notable n'est intervenue pour éclaircir le mystère autour de la disparition de celle qui, à huit ans, s'est volatilisée de la salle polyvalente de Pont-de-Beauvoisin, en Isère, en marge d'une fête de mariage touchant à sa fin.
L'investigation avait pourtant rapidement commencé dès la disparition de l'enfant dans la nuit du 26 au 27 août. Les 180 invités ont été interrogés et l'un d'entre eux, Nordahl Lelandais, un ancien militaire de 34 ans, a été placé en garde à vue puis mis en examen. Bien que niant formellement les faits, plusieurs éléments à charge sont venus l'accabler. Au premier rang duquel la trace ADN de l'enfant retrouvée dans l'habitacle de son Audi A3. Niant la présence de la petite lors des premiers interrogatoires (qui pourraient être invalidés prochainement), il a dû admettre que oui, Maëlys était bien montée dans sa voiture. La petite aurait voulu vérifier la présence de chiens dans le véhicule. Un mensonge qui a immédiatement fait de l'homme le principal (et unique) suspect et l'a conduit derrière les barreaux.
Dans la foulée, plusieurs éléments sont venus assombrir le portrait de cet homme vivant chez ses parents, en arrêt maladie, renvoyé de l'armée pour des problèmes de comportement, décrit comme un petit dealer notoire et déjà condamné pour avoir incendié un restaurant. Le suspect n'a cependant aucun antécédent dans les faits qui lui sont reprochés, et aucun des éléments mis en avant ne constitue une preuve irréfutable à lui seul.
Nordahl Lelandais verra cependant sa défense s'ébranler avec deux nouveaux éléments. Primo, les enquêteurs vont rapidement conclure que le "petit garçon" avec lequel Maëlys, dans la version de Nordahl Lelandais, serait monté dans la voiture n'existe pas. Ce serait bel et bien seule que la petite fille amatrice de chiens est entrée dans le véhicule. Secundo, le suspect peine à convaincre que le nettoyage extrême de sa voiture le lendemain de la disparition de l'enfant puisse être motivé seulement pas son désir (avéré) de la vendre un peu plus tard. L'ex-militaire utilisera en effet des produits particulièrement agressifs, de ceux qui peuvent tromper le flair des chiens limiers de la police ou de la gendarmerie. Ce que celui qui a servi dans un bataillon cynophile et qui a brièvement lancé une affaire d'élevage canin (qui a rapidement périclité) ne pouvait pas ignorer. C'était il y a deux mois. Depuis, aucun élément n'est venu accabler le suspect, et rien ne vient alimenter la thèse de la culpabilité de Nordahl Lelandais (qui reste présumé innocent).
Depuis deux mois, les investigations se résument à des fouilles dans des étangs qui ne donnent aucun résultat, des informations difficilement vérifiables et même niées par les juges chargés de l'enquête (comme une photo d'un radar montrant une "forme blanche" dans la voiture du suspect), et une contre-attaque de la défense sur des questions de procédures. Le tout sur fond d'une opposition entre le parquet et les gendarmes ayant menés le début de l'enquête, accusé de partialité et de violation du secret de l'instruction.
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Depuis deux mois, si dans les rues de Pont-de-Beauvoisin la frénésie initiale est retombée, les vitrines des magasins continuent d'afficher le portrait de la petite qui a eu neuf ans en novembre. Et rien ne vient alimenter, malgré la succession des jours, une quelconque hypothèse de l'enquête. Entre un suspect qui clame son innocence, des fouilles qui ne parviennent pas à trouver un corps, et une enquête pointée du doigt, tous les ingrédients sont réunis pour que le destin de Maëlys ne soit pas connu avant longtemps. A moins d'un improbable retournement de situation, attendu chaque jour, et qui chaque jour ne vient pas.
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