Ajaccio : deux enquêtes ouvertes et deux hommes interpellés

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La rédaction de FranceSoir.fr avec AFP
Publié le 28 décembre 2015 - 08:37
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Les forces de l'ordre encadrant une manifestation à Ajaccio le 26 décembre.
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©Yannick Graziani/AFP
De nouvelles manifestations se sont déroulées dimanche 27 à Ajaccio (photo d'illustration).
©Yannick Graziani/AFP
Les autorités ont annoncé l'ouverture de deux enquêtes suite aux violences qui secouent Ajaccio depuis plusieurs jours. La première concerne l'agression de pompiers qui avait mis le feu aux poudres, la seconde les violences racistes qui ont émaillé les manifestations ayant suivi.

Deux enquêtes ont été ouvertes, et deux hommes interpellés, après les incidents survenus ces derniers jours à Ajaccio, où des centaines de manifestants ont encore défilé dimanche 27 dans plusieurs quartiers populaires sauf celui cible de dérapages racistes, "sanctuarisé" par un arrêté préfectoral.

Les deux suspects interpellés dimanche "devraient normalement être déférés demain (lundi 28, NDLR) ou après-demain (mardi 29, NDLR) (...) et répondront à tout le moins des faits de dégradations", a indiqué dimanche soir le procureur de la République. "Leur implication dans l'agression des pompiers fait encore l'objet d’investigations", a précisé Eric Bouillard lors d'une conférence de presse. "Il s'agit de jeunes hommes issus du quartier qui sont connus pour des actes de délinquance", a-t-il ajouté, soulignant : "pas des actes de délinquance d'une très grande gravité".

Bloqués par la police à l'entrée des Jardins de l'empereur, "sanctuarisés" après un arrêté préfectoral y interdisant tout rassemblement, plusieurs centaines de manifestants ont encore défilé dimanche après-midi dans plusieurs quartiers populaires d'Ajaccio après deux jours de dérapages racistes.

"On se bat contre la racaille mais pas contre les Arabes", ont scandé les meneurs appelant la foule à rester pacifique. "On n'est pas des casseurs", "on n'est pas des racistes", a enchaîné le cortège qui s'est successivement rendu à la préfecture -apposant sur ses grilles un drapeau corse à tête de Maure-, dans les quartiers Sainte-Lucie et des Cannes, avant de revenir devant les Jardins de l'empereur, a constaté un photographe de l'AFP.

Le préfet de Corse Christophe Mirmand s'est félicité sur BFMTV que "l'arrêté (qu'il avait pris la veille) a été parfaitement respecté", relevant que les manifestants n'avaient pas cherché à entrer dans le quartier des Jardins de l'empereur visé par l'interdiction. Un important dispositif de police, notamment un véhicule équipé de barrières barrant la chaussée, les a empêchés de pénétrer dans ce quartier de quelque 450 logements.

Vendredi 25 et samedi 26, des centaines de manifestants s'étaient rendus dans plusieurs quartiers populaires d'Ajaccio, dont les Jardins de l'empereur, aux cris de: "on est chez nous", "Arabes dehors".

Le procureur Eric Bouillard a expliqué dimanche soir que deux enquêtes étaient en cours sur les incidents qui ont agité Ajaccio depuis le 24 décembre: l'une vise les dérapages racistes lors des manifestations et notamment les dégradations d'une salle de prière musulmane. L'autre, les violences de la nuit de Noël au cours de laquelle deux pompiers et un policier ont été blessés.

Dimanche matin peu de gens circulaient au pied des barres d'immeubles défraîchies de ce quartier en cul-de-sac qui jouit d'une vue imprenable sur les montagnes environnantes et la baie d'Ajaccio. Ils restaient sous le choc des événements passés. "D'une manifestation pacifique à la base, on est passé à une ratonnade", a expliqué un habitant.

Deux personnalités des Républicains, le député des Alpes-Maritimes Eric Ciotti et le président de la région Provence-Alpes-Côte-d'Azur Christian Estrosi, ont réclamé dimanche que "toute la lumière soit faite" dans ce dossier. "Il est évident que nous attendons de lourdes sanctions contre ceux qui s'en sont pris aux pompiers. Ils sont nos soldats de la vie", a tweeté M. Estrosi. Eric Ciotti, secrétaire général adjoint du parti de Nicolas Sarkozy, a pour sa part jugé que ces évènements constituaient "une nouvelle illustration du délitement de l'autorité républicaine, une réponse particulièrement préoccupante à l'absence de réponse de l'Etat régalien".

Des propos contredits par un communiqué du préfet qui rejetait dimanche soir l'idée que ce quartier d'Ajaccio soit une zone de non-droit. "Pas plus qu’ailleurs en Corse, il n’existe à Ajaccio de zone de +non droit+. Le quartier des Jardins de l’empereur fait en particulier l’objet d’une attention très soutenue des services de police", indique Christophe Mirmand dans son texte appuyé sur des statistiques policières.

Le ministre de l'Intérieur Bernard Cazeneuve a rendu "hommage à l’action déterminée du préfet de Corse, préfet de la Corse-du-Sud, comme à celle des policiers et des gendarmes qui, sous son autorité, ont fait respecter l’interdiction de manifester dans le quartier des Jardins de l’empereur".

Évoquant les deux enquêtes en cours Bernard Cazeneuve a affirmé "(que) tous leurs auteurs seront identifiés et recherchés pour les traduire devant leurs juges. C’est la seule réponse qui convienne dans un Etat de droit, qui refuse que l’on s’en prenne aux acteurs des services publics, que l’on se fasse justice soi-même".

 

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