Attentat à Magnanville : une minute de silence à la mémoire des victimes
La France, frappée par une nouvelle attaque djihadiste, se recueille ce mercredi 15 en hommage au policier et à sa compagne tués à leur domicile, sur fond de nouvelles interrogations sur l'efficacité de la lutte antiterroriste en plein Euro de football. Le président François Hollande assiste à midi à une minute de silence au ministère de l'Intérieur à la mémoire des victimes assassinées lundi soir chez eux, près de Paris, par Larossi Abballa, 25 ans.
L'homme a revendiqué son acte en direct sur les réseaux sociaux au nom du groupe djihadiste Etat islamique (EI) et a laissé indemne, mais en état de "sidération", l'enfant du couple, un garçonnet de trois ans. La minute de silence sera notamment observée dans tous les commissariats du pays ainsi qu'à Magnanville, la commune des Yvelines théâtre de l'attaque. Les drapeaux des édifices du ministère ont été mis mardi en berne pour trois jours après cet "abject assassinat", selon les mots de Bernard Cazeneuve.
Lundi peu après 20h, Aballa a tué à coups de couteau Jean-Baptiste Salvaing, 42 ans, commandant de police adjoint du commissariat des Mureaux, devant son domicile. Il a ensuite séquestré à l'intérieur du pavillon sa compagne Jessica Schneider, 36 ans, agent administratif du commissariat voisin de Mantes-la-Jolie, qu'il a égorgée, et leur petit garçon. Le tueur a finalement été abattu par la police. Abballa a revendiqué son acte dans une vidéo filmée depuis la maison des victimes et postée en direct sur Facebook, dans laquelle il promet "d'autres surprises pour l'Euro", tournoi disputé en France jusqu'au 10 juillet. "L'Euro sera un cimetière", menace-t-il. Dans cette vidéo, visionnée par l'AFP, il appelle aussi "à attaque des policiers, des journalistes, des gardiens de prison et des rappeurs" -- une liste de cibles mentionnant "des personnalités ou des professions" a été retrouvée dans ce pavillon --, selon le procureur de Paris François Molins. Facebook a assuré travailler "en étroite collaboration avec les autorités françaises qui enquêtent sur ce terrible crime".
Sept mois jour pour jour après les attentats les plus meurtriers jamais commis en France, qui ont fait 130 morts le 13 novembre, le double assassinat a aussi frappé la France alors que l'émotion était encore vive après le carnage de dimanche dans une boîte gay d'Orlando, aux Etats-Unis, où un homme se réclamant lui aussi de l'EI a tué 49 personnes. "C'est un acte incontestablement terroriste", a asséné mardi François Hollande. Lors d'une conversation avec Barack Obama, les deux dirigeants ont décidé d'"augmenter encore la coopération" face à une "menace" djihadiste qui "évolue en permanence". Pour le président américain, il s'agit de "détruire" le groupe djihadiste, visé en Syrie et en Irak par des frappes de la coalition à laquelle participent Paris et Washington.
Avant le coup d'envoi de l'Euro 2016, sous forte menace terroriste, le ministre de l'Intérieur Bernard Cazeneuve avait estimé que la compétition constituait "une cible potentielle" pour "les organisations terroristes" mais aussi "pour des personnes radicalisées se réclamant à titre individuel de ces organisations". La sécurité a ainsi été massivement renforcée essentiellement aux abords des stades et des fan zones. "Nous connaîtrons de nouveau des attaques", a toutefois prévenu mercredi le Premier ministre Manuel Valls, estimant que cette "organisation terroriste qui recule en Syrie et en Irak (...) se projette dans nos pays".
Les enquêteurs français cherchent désormais à déterminer si le tueur a pu bénéficier de complicités dans la préparation des meurtres. Larossi Abballa, originaire des Yvelines, avait un passé dans l'islamisme radical. Il avait notamment été condamné en 2013 à de la prison pour participation à une filière djihadiste vers le Pakistan. Trois hommes de 27, 29 et 44 ans, qui font partie de l'entourage du meurtrier, étaient toujours en garde à vue mercredi. Deux d'entre eux avaient été condamnés avec Abballa en 2013.
Des interrogations sur un éventuel défaut de surveillance émergent: Abballa était encore récemment dans le radar de la justice, qui l'avait mis sur écoute sans toutefois "déceler la préparation d'un passage à l'acte violent", selon le procureur Molins. L'opposition de droite est montée au créneau, demandant notamment des centres de rétention pour les personnes radicalisées pas condamnées. Manuel Valls, réfutant toute "négligence", a toutefois de nouveau écarté mercredi ces demandes. François Hollande avait mardi assuré que la vigilance contre le terrorisme était "portée à son niveau maximal" et promis "des moyens supplémentaires".
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