Attentats de Bruxelles : la traque continue, les polémiques aussi
Le retour à la normale reste laborieux dans la capitale belge, frappée le 22 mars à 07h58 par un double attentat-suicide à l'aéroport de Bruxelles-Zaventem puis, environ une heure plus tard, par un troisième kamikaze dans le métro.
L'aéroport, dont le hall des départs a été dévasté par les explosions, devait tester mardi ses infrastructures temporaires, avec une simulation de grande envergure, avant une reprise très partielle du trafic qui pourrait intervenir "au mieux" mercredi, a expliqué son PDG Arnaud Feist. Quant au métro, la circulation reste limitée.
Si les trois kamikazes ont été rapidement identifiés, et s'avèrent être étroitement liés aux commandos du groupe djihadiste Etat islamique (EI) qui ont tué 130 personnes le 13 novembre à Paris, l'enquête a subi un sérieux revers lundi. La justice, qui espérait avoir arrêté le troisième poseur de bombe de l'aéroport, recherché depuis une semaine, a libéré le seul homme inculpé dans l'enquête sur les attaques bruxelloises, Fayçal Cheffou.
Selon une source proche de l'enquête, "les enquêteurs ont établi que ce n'est pas +l'homme au chapeau+" repéré sur des images de vidéosurveillance à côté des deux kamikazes de l'aéroport, et qui a abandonné sa valise piégée avant de prendre la fuite. Ce suspect-clé est donc toujours en cavale.
Selon l'avocat de Fayçal Cheffou, "il a donné un alibi au niveau de la téléphonie, disant qu'il était chez lui au moment des attentats". "Je ne peux rien reprocher au juge d'instruction" puisque "les éléments qu'il a recueillis se sont avérés complètement à décharge", a ajouté Me Olivier Martins à la télévision publique francophone RTBF.
"La frontière est ténue entre un radical agité et un radical recruteur, et probablement que le magistrat n'a pas voulu franchir la frontière", a déclaré mardi le maire de Bruxelles Yvan Mayeur, semblant déplorer la remise en liberté de Fayçal Cheffou, qu'il accuse d'avoir "agité" des réfugiés dans un campement pour migrants dans la capitale.
Cette nouvelle polémique s'ajoute à d'autres critiques déjà adressées aux autorités belges, notamment pour défaut de surveillance d'un des kamikazes de l'aéroport, qui n'a pas été inquiété après avoir été arrêté en Turquie puis expulsé l'été dernier.
Pour le ministre de la Justice Koen Geens, mis en cause pour sa gestion du dossier avec son collègue de l'Intérieur Jan Jambon, "ce n'est pas le moment de se battre entre nous". "L'ennemi se trouve en Syrie", "nous devons faire face ensemble et être lucides", a-t-il affirmé à la télévision publique flamande VRT.
Signe d'une menace toujours élevée, les enquêtes sur les réseaux jihadistes prennent une tournure de plus en plus européenne, avec de nouvelles arrestations ces derniers jours en Belgique, en France, en Italie et aux Pays-Bas.
La France a ainsi affirmé avoir mis "en échec" un projet d'attentat avec des ramifications européennes. Le principal suspect, l'ex-braqueur français Reda Kriket, était toujours entendu par la police française et sa garde-à-vue a été prolongée mardi de 24 heures.
Les attentats de Bruxelles ont aussi fait 340 blessés d'une vingtaine de nationalités. Lundi, 96 d'entre étaient toujours hospitalisés, dont 55 en soins intensifs. Les 35 morts, presque tous identifiés, étaient originaires d'une douzaine de pays différents.
L'Inde a rejoint la liste des pays touchés, en confirmant le décès de Raghavendran Ganeshan, 31 ans, salarié du géant de l'informatique Infosys qui travaillait depuis quatre ans dans la capitale de l'Union européenne, ville très cosmopolite où de nombreux expatriés et voyageurs ont perdu la vie dans les attaques djihadistes.
Un hommage aux victimes de Bruxelles, mais aussi de Lahore (Pakistan) où un kamikaze islamiste a tué dimanche 72 personnes, était prévu mardi matin à Paris.
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