Bergerac : Trois policiers envoyés dans une librairie pour faire supprimer un post Facebook

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France-Soir
Publié le 11 octobre 2023 - 15:55
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Books
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Paolo Chiabrando - Unsplash
Paolo Chiabrando - Unsplash

Le 6 octobre dernier, à Bergerac, trois policiers se sont présentés armés à "La Colline aux Livres" pour réclamer la suppression d'un post Facebook des libraires. Ils ont osé se plaindre des travaux qui ont lieu devant leur commerce depuis 18 mois... et publier une photo sur laquelle ils se sont mis en scène !

Le chantier de la Halle de Bergerac accumule les retards. Perte de chiffre d’affaires, faillites, fermetures d’établissements... les commerces alentours craquent. Comme le rapporte ActuaLitté, pour les gérants de "La Colline aux Livres", c'est une perte de 80.000 € de chiffre d'affaires. La Ville (LR) avait prévenu qu'il n'y aurait pas d'indemnisation, mais les mauvaises nouvelles s'enchaînent : les fêtes de Noël 2023 sont menacées, et la mairie a indiqué que la dernière partie des travaux nécessitera un blocage durant une trentaine de jours des accès.

Baptiste et Caroline, qui ont repris la boutique en 2018, ont décidé de réagir sur Facebook :

"Nous savons les difficultés pour venir nous voir depuis plus d’un an et demi. Vous n’imaginez pas à quel point cette période est difficile moralement et financièrement. Sans aucune aide, c’est le prix de notre indépendance. Alors la librairie est tout de même ouverte ! Là, c’est le prix de notre engagement."

Le post a recueilli quelques centaines de mentions "J'aime" et de nombreuses réactions de soutien. En guise de remerciement, les deux libraires ajoutent une note positive en publiant une photo d'eux en train de faire les pitres sur un engin de chantier.

La photo incriminée par la mairie de Bergerac - Crédits photo : La Colline aux livres
La photo incriminée par la mairie de Bergerac - Crédits photo : La Colline aux livres

Ni une ni deux, l'édile de la ville envoie trois policiers sur place pour réclamer la suppression de la photo, pour "Incitation à la dégradation de biens publics". Le hic, c'est que la photo a été prise avec l'accord des ouvriers du chantier, qui ont eu le temps de faire copain-copain avec les commerçants du coin depuis un an et demi. Qui plus est, l'élévateur sur lequel les libraires se sont pris en photo — qui va bien, n'appartient pas à la mairie, mais à une entreprise privée.

Plutôt que d'envoyer trois policiers armés pour négocier la suppression d'une innocente photo, les libraires auraient certainement préféré que le maire se déplace en personne...

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