Calais : intrusion de migrants sur un ferry

Auteur(s)
La rédaction de FranceSoir.fr avec AFP
Publié le 24 janvier 2016 - 10:48
Image
Une manifestation de soutien aux migrants de Calais.
Crédits
©François Lo Presti/AFP
La manifestation en soutien aux migrants de Calais a réuni 2.000 personnes samedi 23.
©François Lo Presti/AFP
Dans la foulée d'une manifestation de soutien aux migrants vivant dans la "Jungle", à Calais, plusieurs personnes sont montés samedi à bord d'un ferry, le bloquant pendant plusieurs heures avant d'être évacués par la police qui a procédé à une trentaine d'interpellations.

Le port de Calais a été bloqué pendant plus de trois heures samedi 23 après l'intrusion d'une cinquantaine de migrants sur un ferry, un événement exceptionnel consécutif à une manifestation locale de 2.000 personnes en faveur de leur cause.

Dans la foulée d'un défilé dans les rues de la cité portuaire, auquel ont pris part des manifestants de plusieurs pays européens, des groupes ont forcé un barrage en fin d'après-midi pour monter à bord du Spirit of Britain, en provenance de Douvres et stationné dans le port. Plusieurs dizaines avaient pu monter à bord, sur les quelque 150 qui avaient pénétré dans l'enceinte du port.

Vers 20h30, après plus de trois heures de blocage, les migrants ont été évacués par la police, qui a dû avoir recours à une passerelle mobile pour faire la jonction avec le bateau. Selon la préfecture du Pas-de-Calais, 24 migrants ont été interpellés sur le ferry, et emmenés dans les locaux de la Police de l'air et des frontières (PAF) à Coquelles, près de Calais. Onze autre personnes, des militants de No Border d'après la même source, ont subi le même sort.

Cet événement a poussé le président du port de Calais à demander "une réunion de crise extrêmement rapidement (...) avec les responsables locaux, régionaux, parlementaires et du gouvernement" estimant "que ça ne pouvait plus durer".

Plus tôt dans la journée, environ 2.000 personnes avaient manifesté à Calais pour exprimer leur "solidarité" avec les migrants et réclamer "des condition d'accueil dignes". Parmi eux, des Français, des Anglais, des Italiens, des Belges mais aussi de nombreux migrants.

L'un d'eux, Barra, s'est dit "heureux" de voir "toutes ces personnes venir ici (les) soutenir". "Leur présence pourra peut-être faire bouger les choses, faire pression sur l'Union européenne, pour changer la situation ici, à Calais", a affirmé l'homme qui vit dans la "Jungle", ce bidonville situé près de la rocade portuaire où survivent quelque 4.000 personnes. "Nous sommes ici par solidarité et pour dénoncer l'inactivité de l'Etat français qui n'a pas la volonté d'assurer une vie meilleure aux réfugiés", a affirmé Rino, un étudiant italien de 22 ans, venu de Paris.

Des représentants politiques étaient également dans le cortège, notamment Karima Delli, députée européenne écologiste, mais aussi l'ex-candidat d'extrême gauche à l'élection présidentielle Philippe Poutou (NPA). "Il faut accueillir les migrants de manière digne, c'est le minimum qu'on puisse faire", a-t-il dit.

Sur le chemin de la manifestation, des actes d'hostilité envers les migrants ont été constatés. Une habitante de Calais a apostrophé en termes violents les manifestants depuis sa fenêtre, a observé un photographe de l'AFP. Un Calaisien a été photographié un fusil à la main, à quelques mètres seulement de migrants.

Partis à 14H00 de la "Jungle", les manifestants se sont dispersés aux alentours de 16H30 dans le centre-ville de Calais. La maire (LR) de Calais Natacha Bouchart a regretté "des débordements sérieux" en centre-ville où, a-t-elle rapporté, la statue du Général De Gaulle et dYvonne de Gaulle a été taguée "Nik la France+ (sic)".

"Une nouvelle fois, la preuve est faite par l’exemple que les manifestations organisées par des pseudo-défenseurs des migrants ont essentiellement pour vocation de perturber la vie économique", a-t-elle dit.

"L'attitude des No Borders à Calais est scandaleuse : il faut des sanctions ! Je demande au gouvernement une réunion de crise en urgence", a pour sa part affirmé le nouveau président de la région Nord-Pas-de-Calais/Picardie Xavier Bertrand sur Twitter.

A une quarantaine de kilomètres de distance, le leader de l'opposition britannique, le travailliste Jeremy Corbyn, s'est rendu dans le camp de migrants de Grande-Synthe (2.500 migrants). "Certaines personnes, sont ici depuis des mois, voire plus, dans le froid, dans l'humidité, sans éducation correcte, sans accès aux médecins, ni aux dentistes et avec un accès limité à la nourriture (...) ces conditions sont une honte", a affirmé le chef d'opposition britannique. "La Grande-Bretagne doit faire davantage pour résoudre le problème", a-t-il dit.

Environ 4.000 migrants, venus majoritairement d'Afrique de l'Est, du Moyen-Orient et d'Afghanistan, vivent dans la "Jungle" de Calais, considérée comme le plus grand bidonville de France, dans l'espoir d'atteindre l'Angleterre, considéré par eux comme un eldorado.

À LIRE AUSSI

Image
Dans la "Jungle" de Calais.
Calais : début des travaux de défrichement autour de la "Jungle"
Ce lundi matin, à Calais, des travaux de défrichement ont commencé dans deux zones de la "Jungle", le gigantesque bidonville où s'entasse des milliers migrants. Les tr...
18 janvier 2016 - 16:52
Société
Image
Dans la "Jungle" de Calais.
Jungle de Calais : ouverture du premier camp de migrants "en dur"
Face à la situation sanitaire dramatique des milliers de réfugiés du camp de fortune de Calais baptisé la "Jungle", des places "en dur" ont été ouvertes. Les premières...
11 janvier 2016 - 16:42
Politique

L'article vous a plu ? Il a mobilisé notre rédaction qui ne vit que de vos dons.
L'information a un coût, d'autant plus que la concurrence des rédactions subventionnées impose un surcroît de rigueur et de professionnalisme.

Avec votre soutien, France-Soir continuera à proposer ses articles gratuitement  car nous pensons que tout le monde doit avoir accès à une information libre et indépendante pour se forger sa propre opinion.

Vous êtes la condition sine qua non à notre existence, soutenez-nous pour que France-Soir demeure le média français qui fait s’exprimer les plus légitimes.

Si vous le pouvez, soutenez-nous mensuellement, à partir de seulement 1€. Votre impact en faveur d’une presse libre n’en sera que plus fort. Merci.

Je fais un don à France-Soir

Dessin de la semaine

Portrait craché

Image
ARA
Décès de ARA, Alain Renaudin, dessinateur de France-Soir
Il était avant toute chose notre ami… avant même d’être ce joyeux gribouilleur comme je l’appelais, qui avec ce talent magnifique croquait à la demande l’actualité, ou...
07 novembre 2024 - 22:25
Portraits
Soutenez l'indépendance de FS

Faites un don

Nous n'avons pas pu confirmer votre inscription.
Votre inscription à la Newsletter hebdomadaire de France-Soir est confirmée.

La newsletter France-Soir

En vous inscrivant, vous autorisez France-Soir à vous contacter par e-mail.