Calais : les migrants toujours plus nombreux dans la "Jungle"

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La rédaction de FranceSoir.fr avec AFP
Publié le 23 août 2016 - 21:29
Mis à jour le 24 août 2016 - 12:23
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La "Jungle de Calais", un bidonville.
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©Pascal Rossignol/Reuters
Pour le président de l'Auberge des migrants, ils seront 10.000 fin août dans la "Jungle".
©Pascal Rossignol/Reuters
De la bouche de l'association agréée par l'Etat comme de celles critiques à l'égard des autorités, toutes s'accordent sur le nombre record de migrants présents dans la "Jungle" de Calais mais sont partagées sur son devenir.

Jamais le plus grand bidonville de France n'avait compté autant d'abris - principalement des tentes car la construction de nouvelles cabanes en dur est interdite -, concentrés sur un espace aussi restreint depuis le démantèlement de la partie sud du camp en mars: entre 6.900 et 9.100 personnes y survivent, selon les sources.

Alors que le Centre d'accueil provisoire (CAP), le camp de conteneurs en dur pouvant abriter jusqu'à 1.500 personnes, constituait il y a quelques semaines encore un "quartier" à part à l'est de la "Jungle", il est à présent totalement englobé par celle-ci, entouré de centaines de tentes multicolores sur lesquelles sèchent toutes sortes d'habits.

"En un mois, nous avons doublé notre nombre de repas distribués quotidiennement pour dépasser les 5.000", s'exclame auprès de l'AFP Christian Salomé, président de l'Auberge des migrants. Une augmentation que confirme Stéphane Duval, directeur de La Vie active, qui gère le centre d'accueil officiel Jules Ferry qui distribue dorénavant 4.000 repas par jour, contre 3.000 au début de l'été.

"On remarque une hausse indéniable mais on peut encore monter en puissance. Aujourd'hui, on serait en capacité de servir jusqu'à 6.000 repas, voire plus. Tout est une question d'anticipation", explique-t-il devant la file de réfugiés attendant leur repas. Au menu du jour: pommes de terre-lentilles accompagnées de dinde auxquels les migrants rajoutent systématiquement une grosse cuillère de tabasco pour relever le goût.

Afin d'éviter toute attente trop longue pouvant mener à des tensions, comme celle à l'origine d'une bagarre généralisée fin mai entre Afghans et Soudanais où une quarantaine de personnes avaient été blessées, la file d'attente y a été dédoublée. Trente-cinq minutes sont dorénavant nécessaires pour prendre son repas, selon le directeur du centre.

Preuve des arrivées continuelles de réfugiés sur le camp, "30 à 40 nouvelles personnes" se présentent chaque matin devant les grilles du CAP pour y demander une place, ajoute M. Duval. Il se dit cependant serein pour l'avenir, prêt "à s'adapter" si l'Etat décidait d'augmenter la capacité du CAP: "même si une hausse n'est pas envisagée pour le moment, on pourrait sans souci doubler les conteneurs pour avoir 500 places supplémentaires".

Mais cette solution constituerait un pis-aller pour le gouvernement qui s'était fixé pour objectif, fin 2015, de ramener la population du camp à 2.000 personnes et que "plus aucun migrant ne dorme dehors".

Les nouveaux arrivants sont généralement des Soudanais, principalement originaires du Darfour. Ils composent aujourd'hui "près de 50%" du camp, avance M. Duval. Installés sur une butte offrant une vue à 360 degrés sur la "Jungle" et ses abris bigarrés, Jukjuk et Ismasl font partie de ces nouveaux habitants. Partis du Darfour pour fuir la guerre, ils sont arrivés début juillet à Calais après avoir traversé dans une barque la Méditerranée et à pied le tunnel ferroviaire reliant Vintimille (Italie) à Menton.

"Je veux rester en France, j'ai bientôt un rendez-vous pour déposer ma demande d'asile", explique dans un français très correct, grand sourire aux lèvres, Jukjuk, 27 ans. Il rêve de pouvoir ensuite rejoindre Lyon où se trouve l'une de ses amies. Ismasl lui, 28 ans, hésite encore. Il souhaiterait retrouver son frère à Londres mais est épuisé par ses multiples tentatives de passage infructueuses à tenter de se cacher dans un camion en partance pour l'Angleterre.

Face à cette situation, M. Salomé, pour qui les migrants seront "plus de 10.000 fin août", s'inquiète: "Plus qu'avant, les tensions dues à la promiscuité vont se développer, sans compter les risques si un incendie se déclare en pleine nuit au milieu de ces tentes condensées. J'ai peur qu'un drame ne survienne...", soupire-t-il.

 

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