Détenus violeurs tabassés : des surveillants ont-ils ouvert les cellules aux agresseurs ?
En tout, neuf plaintes ont été déposées. Des surveillants de la prison de Metz-Queuleu, en Moselle, sont soupçonnés d'avoir permis à des détenus de procéder à des expéditions punitives et de passer à tabac des "pointeurs", c'est-à-dire des hommes incarcérés pour des faits de violences sexuelles.
Les faits se seraient déroulés entre octobre 2017 et septembre 2018 selon les témoignages des neufs plaignants. La première plainte a été déposée au début 2018 mais elle est "passée relativement inaperçue au sein de l'établissement" selon Le Parisien.
C'est la seconde plainte, celle d'un trentenaire, qui a finalement libéré la parole au sein de la prison et permis à d'autres détenus de lever la voix dès septembre. "Ça a déclenché un petit séisme, parce qu’on a découvert que ces agressions ont perduré dans un temps relativement long", a expliqué son avocat Cédric Demagny.
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Depuis, les témoignages sont nombreux et relatent tous le même mode opératoire. "A l’heure des repas, le cliquetis du verrou de la porte se fait entendre. Ce n’est pas le détenu auxiliaire chargé de la distribution de la nourriture, mais ce sont trois à quatre détenus, qui s’engouffrent dans la cellule et se livrent à un passage à tabac en règle".
"Pendant qu’il se faisait rouer de coups de pied et de poing, mon client a vu, dans l’entrebâillement de la porte, la tenue bleue du gardien, qui se tenait juste à côté", a assuré Cédric Demagny. Seuls les surveillants sont autorisés à ouvrir les cellules.
Les avocats des victimes présumées, incarcérées pour des infractions à caractère sexuel, relatent tous l'insécurité dans laquelle vivent leurs clients. Cicatrices, cloison nasale déviée… les détenus ont été victimes de sérieuses blessures. "La privation de liberté, dans des conditions où la sécurité des détenus n’est plus assurée, s’apparente à de la torture".
Les avocats des neuf plaignants dénoncent aussi "le silence de la hiérarchie". Cette dernière reste très prudente face à cette affaire qui pourrait devenir très grave si elle est avérée. "Pour l’instant, c’est parole contre parole", se contente de faire savoir la direction de l'administration pénitentiaire.
"En l’absence d’éléments tangibles, rien ne justifie l’ouverture d’une procédure disciplinaire. Nous verrons ce que diront les conclusions de l’enquête judiciaire".
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