Maëlys : l'avocat de Nordahl L. joue la carte de la procédure ce qui bloque tout nouvel interrogatoire
Ce week-end, le seuil des 11 semaines de la disparition de la petite Maëlys de Araujo sera franchi. C'est en effet dans la nuit du 26 au 27 août que l'enfant s'est volatilisée sur le parking de la salle polyvalente de Pont-de-Beauvoisin, un soir de mariage. Les recherches massives dans pratiquement tous les points d'eau de la région n'ont rien donné, et l'enquête se concentre principalement sur le suspect numéro un, Nordahl Lelandais, mis en examen début septembre et qui clame son innocence depuis sa cellule de la prison de Saint-Quentin-Fallavier (Isère).
Plusieurs éléments sont en effet accablants pour l'ancien militaire décrit comme un homme violent, toxicomane et dealer occasionnel. Une trace ADN de l'enfant a été retrouvée dans sa voiture et il a dû admettre, après avoir nié, qu'elle était bien montée dans son véhicule. Une voiture qu'il a nettoyée avec une minutie extrême, dès le lendemain, ce qui fait planer un doute sur le motif du projet de vente du véhicule (qui est exact). Enfin, des allers-retours inexpliqués, dont un à l'heure de la disparition de l'enfant, accablent l'homme de 34 ans, habitant à Domessin (Savoie) et venu au mariage pour le dessert après avoir participé au vin d'honneur.
Pourtant, après un long silence depuis la première audition par les juges, la défense de Nordahl Lelandais a décidé de passer à l'offensive. Fin octobre, une requête en nullité a été déposée par le défenseur de l'ancien militaire, maître Alain Jakubowicz. Visiblement bien motivée, c'est cette procédure qui a permis de suspendre toute nouvelle audition du principal suspect qui n'a pas eu à s'expliquer devant l'instruction depuis le jour de sa mise en examen le 3 septembre.
La requête de la défense s'appuie sur l'article 64-1 du code de procédure pénale expliquant que "les auditions des personnes placées en garde à vue pour crime, réalisées dans les locaux d'un service ou d'une unité de police ou de gendarmerie exerçant une mission de police judiciaire font l'objet d'un enregistrement audiovisuel" ce qui n'aurait pas été le cas lors de la première garde à vue de Nordahl Lelandais. Il a ainsi été retenu dans un premier temps pendant 20 heures par les gendarmes avant d'être libéré puis mis en examen et placé en détention provisoire 48 heures plus tard lorsqu'un test ADN a certifié la présence de Maëlys dans sa voiture à un moment de la soirée.
Selon une source citée par le journaliste Vincent Wales, du groupe Ebra, cette requête qui doit être examinée par la chambre d'instruction "n’est pas suspensive. Cependant, en raison de la gravité et de la sensibilité de l’affaire, des différentes tensions apparues entre le parquet et les services d’enquête de la gendarmerie, les juges ne vont pas prendre le risque d’interroger le mis en cause sur des points abordés lors de ces trois auditions initiales, au risque que ces dernières soient entachées de nullité, et entraîne donc en cascade la nullité de l’interrogatoire".
Même après l'examen de la requête, probablement d'ici la fin du mois, rien n'indique que Nordahl Lelandais sera interrogé rapidement. Maître Alain Jakubowicz pourrait en effet ensuite déposer une requête de dessaisissement suite à l'enquête ouverte par le parquet de Grenoble du fait des fuites supposées de la gendarmerie dans les médias. A défaut d'apporter avec certitude des éléments disculpant celui qui reste présumé innocent, la défense joue la carte de la procédure et met la pression sur l'instruction dans ce dossier particulièrement sensible pour lequel la tension ne retombe pas. La fillette, elle, reste introuvable et plus aucune fouille de grande ampleur n'est en cours.
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