Enquête - Disparition de Maëlys : où Nordahl L. a-t-il pu l'emmener pendant son absence ? (photo)
Le procureur de la République de Grenoble a présenté jeudi 30 novembre les faits comme des certitudes de l'enquête, bien que la temporalité précise soit démentie par Nordahl Lelandais. Selon Jean-Yves Coquillat, lors de sa conférence de presse à l'issue d'une journée d'audition du suspect par les juges d'instruction, il s'est passé 39 minutes (de 2h46 à 3h25) entre le départ de l'ancien militaire de la salle polyvalente jusqu'à son retour. Une période pendant laquelle le portable du suspect est resté en "mode avion", soit inaccessible aux appels et impossible à borner.
Dans l'hypothèse où Nordahl Lelandais (qui reste présumé innocent) avait bien Maëlys, morte ou vivante, à ses côtés durant le trajet, il s'est donc rendu dans un endroit situé au maximum à 20 minutes du lieu de la noce (en roulant vite dans des rues certes désertes). Peut-être moins si l'on considère que durant ce laps de temps, il a dû dissimuler un cadavre, voire mettre à mort une victime encore vivante.
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Reste à savoir la direction exacte dans lequel le trentenaire est parti. Selon nos informations, la caméra de surveillance qui a capté l'image de la voiture est située à Pont-de-Beauvoisin… mais en Savoie. Deux communes adjacentes portent en effet le même nom, séparées par la rivière Le Guiers qui marque la séparation entre l'Isère (38) et la Savoie (73). Voici, selon une source de France-Soir, la caméra qui a probablement capté l'image.
Le carrefour de Pont-de-Beauvoisin (Savoie) où la voiture suspecte a probablement été captée par une caméra (celle-ci est visible à l'angle du bâtiment).
La route visible sur le cliché amène au centre-ville de Pont-de-Beauvoisin (Savoie) puis, ensuite, à une zone de la commune de Domessin où habite le suspect avec sa famille. Au-delà de ce secteur commence une campagne dense et escarpée où serpente une route de montage de basse altitude.
Depuis la disparition de la petite Maëlys de Araujo, des fouilles colossales ont été menées dans de nombreuses zones accidentées et des points d'eau de toute la région. Or, considérant la direction prise et le laps de temps maximal du trajet, certaines zones redeviennent suspectes tandis que d'autres semblent maintenant exclues. Le lac d'Aiguebelette en Savoie, qui a été fouillé en profondeur des jours durant, est atteignable (une quinzaine de kilomètres de distance environ) en 20 minutes. Le trajet laisse cependant peu de temps pour dissimuler un corps et a fortiori pour commettre un crime. Les gorges de Chailles, un lieu très escarpé et qui a lui aussi été fouillé, n'est qu'à une dizaine de minutes de distance dans la même direction. Mais la dimension accidentée du lieu rend assez surprenante la capacité d'y cacher un corps dans un lieu réellement inaccessible en 10 ou 20 minutes, le tout alors que la nuit était d'encre, éclairée seulement par un petit quart de lune. Une cachette hypothétique qu'en outre des gendarmes bien équipés n'ont pas trouvé malgré plusieurs jours de fouilles. Plutôt troublant si l'on imagine un homme vêtu en tenue d'été, en short et chaussé de claquettes, évoluant dans l'obscurité avec le corps d'une enfant de huit ans dans les bras. Malgré tout, ces deux lieux pourraient de nouveau attirer l'attention des investigations.
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Certains autres lieux où des fouilles se sont déroulées semblent maintenant moins probables. La commune de Belmont-Tramonet par exemple, certes située à côté de Domessin, est atteignable dans le laps de temps, mais le chemin pris par la voiture présumée être celle de Nordahl ne serait alors pas le plus rapide. A moins que l'homme ait changé d'avis sur le chemin et donc pris un détour. Ce qui n'explique pas toutefois qu'il ait été filmé au même endroit à son retour.
D'autres lieux comme le lac de Romagnieu (Isère) ou les points d'eau dans le secteur de Saint-André-le-Gaz (Isère également) semblent exclus. Atteignables dans le délai, ils sont cependant situés dans la direction opposée de celle où les juges pensent, se basant sur les éléments matériels, que Nordahl Lelandais est parti.
Tous ces scénarios ne sont que des hypothèses qui ont déjà été largement prises en compte lors des fouilles initiales. Et c'est Jean-Yves Coquillat, le procureur de Grenoble, qui a prononcé lors de son allocution à la presse les mots les plus glaçants et les plus pessimistes: le magistrat a admis qu"il n'est pas certain que nous réussissions à retrouver l'enfant".
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