Hauts-de-Seine : procès d'une femme soupçonnée d'esclavage moderne
Elle est aujourd'hui mariée, mère de deux enfants et employée dans une crèche mais ça n'a pas toujours été le cas. Astan, une jeune femme de 31 ans d'origine malienne, était présente au procès de celle qu'elle accuse d'esclavage moderne lundi 22 à Nanterre. La suspecte, âgée de 54 ans, s'est quant à elle à nouveau soustraite à la justice.
Tout a commencé en 2000 lorsque Astan a rencontré une cousine éloignée lors d'un mariage au Mali. les deux ont sympathisé et elles conviennent ensemble du voyage de l'adolescente, alors âgée de 13 ans, vers la France quelques semaines plus tard.
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"Je devais faire des études et m'occuper des enfants de temps en temps. Je lui ai fait confiance", a témoigné la jeune femme à la barre comme le relate Le Monde. Cependant à son arrivée au domicile de cette cousine, situé à Châtenay-Malabry, la réalité s'est avéré bien différente.
"Dès le jour où on est arrivé, je voulais me reposer, elle a dit +non, ici on ne s'assoit pas+ et l'enfer a commencé", a poursuivit Astan à qui son passeport a été confisqué dès le premier jour et qui sera forcée de travailler pendant cinq années. "Elle me terrorisait cette femme", a-t-elle-même ajouté lors de son témoignage entrecoupé de larmes.
L'adolescente n'ira jamais à l'école et sera chargée de faire le ménage, les courses et de s'occuper des enfants de la famille chaque jour et sans aucune rémunération. "Elle était exploitée jusqu'à 15 heures à 18 heures par jour", a souligné son avocate.
Ce n'est qu'en 2005 après la venue, vaine, de la police au domicile de Châtenay-Malabry que la jeune femme sera autorisée à prendre des cours d'alphabétisation. Elle y rencontrera un jeune homme d'origine congolaise à qui elle se confiera pour la première fois. Elle trouvera alors la force de fuir et de porter plainte contre sa cousine un an plus tard, avec le soutien du Comité contre l'esclavage moderne.
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La prévenue absente lors du procès, jugée pour travail dissimulé, soumission à des conditions de travail et d'hébergement d'un mineur indignes, se soustrait à la justice depuis 2011. Jusque là, elle a invoqué, ou non, une excuse pour son absence. Le procès s'est finalement tenu sans elle, alors que la plainte la concernant remonte à 2006.
Le tribunal a requis contre elle 15 mois de prison avec sursis et 6.000 euros d'amende. Le jugement sera rendu le 19 février prochain.
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