Etats-Unis : enquête fédérale sur la mort d'Alton Sterling, abattu par la police américaine
Après avoir apparemment résisté à son interpellation, Alton Sterling a perdu la vie à 37 ans. Sa mort a immédiatement réveillé le spectre du racisme dans la police américaine, trop souvent accusée de brutalités gratuites contre les Noirs. "Le principal organe chargé de l'enquête sera la division des droits civiques du ministère de la Justice, assistée du bureau du procureur de la Louisiane et du FBI", a annoncé aux médias John Bel Edwards, le gouverneur de cet Etat méridional.
Se disant "profondément préoccupé", M. Edwards a appelé au calme alors que plusieurs métropoles américaines, comme Baltimore ou Ferguson, ont été le théâtre d'émeutes après de tels drames. La Maison Blanche a d'ailleurs proposé son aide, a indiqué Kip Holden, le maire de Baton Rouge, la ville où Alton Sterling vendait des CD sur le parking d'un centre commercial. Ce père de cinq enfants y était connu sous le surnom de "CD man".
"A l'arrivée des policiers, Sterling était armé et l'altercation qui a suivi s'est conclue par la perte de sa vie", a déclaré Carl Dabadie, le chef de la police locale. Il s'exprimait quelques heures après une autre conférence de presse empreinte d'émotion rassemblant les membres de la famille d'Alton Sterling. Ils ont affiché leur unité et exigé des comptes.
L'un des enfants d'Alton Sterling, Cameron, 15 ans, a éclaté en sanglots tandis que sa mère, Quinyetta McMillon parlait au micro. "Nous poursuivrons jusqu'à ce que justice soit faite", a-t-elle lancé. "J'appelle quiconque avec assez de courage dans cette ville à aller arrêter ces deux agents. Si le système est le même pour tous, il doit l'être aussi pour eux".
Comme c'est souvent le cas, cette affaire a pris une ampleur nationale grâce à une vidéo amateur. On y voit les deux policiers blancs tenter d'interpeller Alton Sterling. Selon cette vidéo ne montrant pas toute la séquence des faits, le vendeur à la sauvette semble refuser d'obtempérer aux agents, qui lui ordonnent de se mettre au sol. L'un des policiers le plaque alors, son collègue l'aidant à tenter de le maîtriser par terre.
"Il est armé!", entend-on quelqu'un crier. Les deux policiers dégainent alors leur arme et plusieurs détonations retentissent, avec un intervalle. M. Sterling apparaît avoir été touché à bout portant. Sur une seconde vidéo apparue plus tard, filmée sous un autre angle, Alton Sterling est vu saignant abondamment du thorax, un des deux policiers retirant de la poche de son short ce qui pourrait être une arme.
Les deux agents font l'objet d'une suspension administrative, conformément à "la procédure en vigueur", a précisé la police de Bâton Rouge. La première vidéo était largement consultée sur internet, notamment sur ce lien: Une centaine de personnes se sont rassemblées mardi soir devant le magasin où les faits se sont produits.
Levant les mains en l'air, les manifestants ont crié "Ne tirez pas" ou "Black Lives Matter" ("Les vies des Noirs comptent"), nom d'un mouvement qui dénonce les abus policiers contre les Afro-américains aux Etats-Unis. "Trop c'est trop", a également tweeté Black Lives Matter.
Il s'agit d'un "lynchage légal. La justice doit l'emporter. #Outré", s'est indigné le révérend Jesse Jackson, célèbre militant américain pour les droits civiques. L'enquête fédérale "marque une réponse inhabituellement rapide du ministère américain de la Justice. Normalement une enquête locale se déroule d'abord. (Mais) désormais tout le monde s'intéresse à ces tirs (policiers). Il y a encore cinq ans, cela n'attirait l'attention de personne", a commenté à l'AFP Phil Stinson, un expert en droit pénal.
À LIRE AUSSI
L'article vous a plu ? Il a mobilisé notre rédaction qui ne vit que de vos dons.
L'information a un coût, d'autant plus que la concurrence des rédactions subventionnées impose un surcroît de rigueur et de professionnalisme.
Avec votre soutien, France-Soir continuera à proposer ses articles gratuitement car nous pensons que tout le monde doit avoir accès à une information libre et indépendante pour se forger sa propre opinion.
Vous êtes la condition sine qua non à notre existence, soutenez-nous pour que France-Soir demeure le média français qui fait s’exprimer les plus légitimes.
Si vous le pouvez, soutenez-nous mensuellement, à partir de seulement 1€. Votre impact en faveur d’une presse libre n’en sera que plus fort. Merci.