Exclusif - Maëlys, dernière heure avant le drame : il raconte
EXCLU FRANCE-SOIR - En un instant, cette belle soirée d'été festive, où l'amour d'un couple est arrosé comme il se doit, vire au drame. Il est 3h du matin dans la nuit du 26 au 27 août lorsque la joyeuse assemblée d'une petite centaine de convives encore présents, sur les 180 invités au mariage d'Eddy G. et de Anne-Laure M., est frappée de stupeur: une enfant a disparu. Maëlys de Araujo, huit ans au moment des faits, est introuvable. C'était il y a maintenant plus de 12 semaines. Personne ne sait ce qu'est devenue la fillette depuis. Un invité du mariage, présent au moment où tout a basculé, témoigne en exclusivité pour France-Soir.
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Il est 2h du matin. Quelques invités sont sur le parking qui commence à se vider, pour discuter au calme ou fumer une cigarette. La piste de danse suit le même mouvement, mais le disc-jockey chargé d'animer la soirée continue de faire "le job" pour quelques irréductibles, le tout sous le regard d'autres fêtards moins tentés par le déhanchement et qui sont réunis autour de la tireuse à bière. Assis à une table, en short, Nordahl Lelandais, 34 ans, qui s'est invité au dessert après être passé au vin d'honneur.
A 3h, la musique continue. Mais aux airs festifs de fin de soirée, se rajoute maintenant la voix du DJ au micro. Il appelle la petite Maëlys pour qu'elle vienne le rejoindre. Il vient d'être informé que la fillette ne se trouve plus avec les autres enfants, ni dans la salle de mariage, ni sur le parking, ni dans l'espace réservé aux plus petits pour qu'ils puissent se reposer, un peu à l'écart. Deuxième annonce du DJ, toujours en musique: il demande cette fois si quelqu'un a vu l'enfant. Les danseurs commencent à ralentir. L'assistance comprend que quelque chose cloche. C'est alors que la musique se coupe brusquement. Cette fois l'animateur n'y va pas par quatre chemins: il faut chercher Maëlys. La fête est finie.
Lui était là, présent au mariage. Jean-Pierre* raconte le mélange entre sidération et incrédulité lorsque les fêtards se voient signifier qu'une enfant qu'ils ont croisée toute la soirée a disparu. "Des groupes ont commencé à sortir de la salle pour débuter les recherches. Mais il n'y avait pas de sentiment de panique. Même la maman, qui avait beaucoup fait la fête, ne semblait pas complètement réaliser ce qu'il se passait et paraissait rester calme". Les minutes défilent. Les recherches se révèlent infructueuses et l'inquiétude gagne alors vraiment. La mère s'est alors "mise à pleurer", décrit sobrement Jean-Pierre.
Les invités, dont notre témoin, continuent à chercher autour des lieux. La salle polyvalente est à l'extrémité de Pont-de-Beauvoisin, une commune densément bâtie, mais dont la salle des fêtes marque la sortie vers la campagne et ses buttes escarpées, boisées, et impénétrables à cette heure de la nuit. "Nous avons fouillé vers le lycée à côté de la salle polyvalente. Nous avons suivi un chemin avec un fossé en contrebas pour voir si elle n'était pas tombée. Nous avons vérifié dans le jardin d'une maison du voisinage. Et nous avons essayé de regarder dans le bois. Tout était noir, même nous ça nous a fait flipper. La petite ne pouvait pas être passée par là". Seule certitude, se souvient Jean-Pierre: "Nordahl Lelandais n'était pas là pour nous aider. Et un membre de la famille a même immédiatement évoqué son nom, en disant qu'il l'avait vu jouer de manière bizarre avec la gosse".
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Le suspect, aujourd'hui en détention préventive, ne niera pas avoir passé du temps avec la petite. Nordahl Lelandais, ancien militaire affecté à un bataillon cynophile, admettra même l'avoir fait monter dans sa voiture, à l'arrêt, pour lui prouver que ses chiens n'y étaient pas. Car, comme l'expliquera la maman de Maëlys à des journalistes, la voix étranglée par l'émotion, la fillette "aime les animaux, et pensent que ceux qui les aiment sont dignes de confiance".
Appelés entre temps, les gendarmes arrivent. "Ils étaient moins d'une dizaine" se souvient Jean-Pierre. "Ils nous ont fait venir un par un pour prendre nos coordonnées. Ensuite ils nous ont accompagnés sur le parking et nous ont tous fait ouvrir nos voitures et nos coffres". Cela ne donnera rien. Il est environ 5h du matin, et les invités partent en silence dans l'attente d'être convoqués par la gendarmerie. L'affaire Maëlys commence.
*Le prénom a été modifié
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