EXCLUSIF Le jour où Nordahl Lelandais avoue avoir tué Maëlys à sa sœur (2/3)
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Le centre pénitentiaire est niché au cœur de la zone industrielle de Saint-Quentin-Fallavier, en Isère, à quelques encablures de l'agglomération lyonnaise. Et à quelques centaines de mètres du lieu où, le 26 juin 2015, un chef d'entreprise avait été décapité par Yassin Salhi avant que son corps ne soit enveloppé dans un drapeau marqué de la profession de foi islamique. Mais pour les habitants de cette grande banlieue lyonnaise, Saint-Quentin-Fallavier, c'est aussi sa maison d'arrêt. Celle qui abrite actuellement Nordahl Lelandais (hospitalisé depuis hors des murs de la prison), l'homme qui a avoué avoir tué la petite Maëlys, huit ans, en marge d'un mariage à Pont-de-Beauvoisin. L'ancien militaire y est incarcéré seul dans une cellule où il reçoit la visite d'un gardien toutes les 45 minutes pour prévenir une tentative de suicide.
C'est là qu'Alexandra, la sœur aînée de Nordahl, a vu son frère pour la première fois après avoir appris qu'il était accusé d'avoir enlevé et mis à mort une fillette. Et c'est au parloir qu'elle l'a revu après ses aveux et que celui qui lui avait juré "les yeux dans les yeux" qu'il n'était pas impliqué dans cette affaire lui a répondu simplement "oui" quand elle lui a demandé si c'était bien lui. A la question "étais-tu seul?", ce fut "oui" une seconde fois.
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"Il a grossi. C'est à cause des médicaments qu'on lui fait prendre. Il n'est pas amorphe. Il parle de choses simples, comment il va. Mais quant on évoque l'affaire, il y a un déni, un blocage. Il ne se rappelle plus de ce qu'il a fait. Juste qu'il était seul. Mais il est incapable de dire pourquoi il a fait ça".
Un portrait cependant bien différent des premières visites, celles avant le 14 février 2018, jour de la Saint-Valentin, jour de l'aveu. "Avant que j'aille le voir la première fois à Saint-Quentin-Fallavier, il m'avait envoyé trois courriers. Dedans, il n'y avait que des déclarations d'innocence. Il espérait seulement sortir bientôt, et nous lui manquions. Quand je l'ai visité la première fois avec ma mère, il nous disait de ne pas nous inquiéter". Depuis un mois, tout s'est inversé.
Un décalage tel qu'Alexandra, si elle conçoit volontiers l'implication de son frère aujourd'hui, lâche malgré tout un "pourquoi a-t-il avoué ça? Est-ce qu'on lui a mis la pression? Tuer un enfant c'est tellement affreux…". Avant d'essayer, timidement, une explication, comme un espoir: "Le fait qu'il n'arrive pas à me dire ce qu'il s'est passé me laisse entrevoir qu'il y a quelque chose qu'il ne parvient pas à dire. Qu'il est complice de quelque chose, même si ça ne l'excuse en rien. Et il attend les résultats des analyses pour être mis devant le fait accompli pour dire comment ça s'est passé".
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Nous faisons face à une femme lucide, suffisamment forte pour accepter l'implication d'un frère dont elle était persuadée de l'innocence. Elle n'a jamais cautionné les suspicions contre l'impartialité de l'enquête et reconnaît le travail des juges d'instruction. Mais une pensée est encore intolérable pour la sœur du suspect: le spectre d'un crime sexuel, un mot qu'elle n'arrive pas à prononcer. "Une gamine? Non, non… C'est trop… C'est trop… Imaginer qu'il ait pu faire «ça» à une enfant c'est trop monstrueux. Je ne peux pas".
En l'état actuel de l'enquête, si l'implication de Nordahl Lelandais semble acquise -le trentenaire le reconnaît lui-même-, et que le lieu de la mise à mort et de la dissimulation du cadavre sont connus, le suspect se borne à évoquer un "accident", sans en dire plus. Une thèse qu'Alexandra veut encore croire possible, comme une manière d'envisager autre chose. De ne pas envisager "ça".
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