Fausse alerte terroriste à Paris : deux adolescents présentés à la justice
C'est un buzz qu'ils risquent de regretter : deux adolescents de 16 et 14 ans, arrêtés pour leur implication présumée dans une fausse alerte qui a provoqué une vaste opération antiterroriste samedi à Paris, devaient être présentés aux juges d'instruction ce mercredi 21.
Le parquet de Paris a requis leur mise en examen pour appels téléphoniques malveillants, divulgation de fausses informations afin de faire croire à une destruction dangereuse, dénonciation de crime imaginaire, usurpation d'identité, piratage informatique et violences volontaires en réunion, a énuméré une source judiciaire.
Le parquet a également demandé leur placement au sein d'un foyer éducatif, pour le plus âgé dans le cadre d'un contrôle judiciaire, pour le second en tant que mesure éducative, a précisé la source. Un troisième adolescent, interpellé mardi en Vendée, a pour sa part été relâché.
Lycéen en seconde, D. , 16 ans, avait été arrêté à Vitry-le-François (Marne) lundi, soupçonné d'être l'un des deux hackers qui ont piraté la ligne téléphonique de l'église Saint-Leu, dans le quartier parisien des Halles, pour appeler les forces de l'ordre et leur faire croire qu'une prise d'otages était en cours dans l'édifice.
Dans une France traumatisée par les attentats, et qui craint une prochaine attaque, cet appel, à 15h39 samedi, a déclenché une vaste opération de police, avec l'intervention des hommes de la Brigade de recherche et d'intervention (BRI). Le secteur avait été bouclé et des riverains évacués ou confinés. Via l'application pour smartphone SAIP (Système d'alerte et d'information aux populations), les autorités avaient même délivré un message "église - alerte attentat".
Deux mois après l'assassinat d'un prêtre en pleine messe par deux djihadistes dans une église de Saint-Etienne-du-Rouvray (Seine-Maritime), cette opération des forces de l'ordre a créé un bref mais vif émoi, notamment sur les réseaux sociaux.
Dès samedi, deux protagonistes de ce canular, utilisant les pseudonymes de "Tylers Swatting" et "Zakhaev Yamaha", s'étaient mis en scène sur les réseaux sociaux, le premier se vantant d'avoir "fait le pire swat", en faisant déplacer "des hélico, le gouvernement, 50 voiture (sic) de flics". Le lendemain, ils ont revendiqué leur action, disant avoir 16 et 17 ans et "rechercher le buzz".
Le "swatting", qui tire son nom du service de police Swat (équivalent américain du GIGN), est un canular téléphonique qui consiste à faire déplacer les unités d'intervention pour une fausse urgence. Une technique déjà utilisé par le hacker franco-israélien Grégory Chelli, alias Ulcan, dont les deux adolescents se sont dits des admirateurs.
Devant les enquêteurs de la Brigade Criminelle, D. a reconnu être le pseudo Tylers Swatting et son implication dans les faits, a indiqué à l'AFP une source proche de l'enquête. Il est également soupçonné "d'être derrière d'autres fausses alertes envoyées en septembre et visant des collèges, des lycées et autres lieux publics", notamment des grands magasins, a souligné cette source.
Scolarisé en troisième, M., 14 ans, arrêté en Lozère mardi, est soupçonné d'avoir participé à l'opération de samedi, même si les deux garçons ne semblent pas se connaître autrement que sur les réseaux.
Le troisième adolescent, H., 17 ans, déjà mis en examen à Saint-Malo pour de fausses alertes similaires, a lui été relâché. Les enquêteurs ont pensé un temps qu'il pouvait s'agir de "Zakhaev Yamaha", qui est donc toujours recherché.
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