"Flashball" : des policiers affirment que viser la tête est autorisé (vidéo)
Plusieurs cas de personnes blessées à la tête par des tirs de lanceurs de balles de défense (LBD, couramment appelés "Flashball" du nom d'un des fabricants) ont fait polémique depuis le début des manifestations des gilets jaunes. Il ne s'agit d'ailleurs pas des premières critiques envers ce type d'armes, qu'est venue ce mardi 15 alimenter une vidéo diffusée sur les réseaux sociaux.
On y entend un policier affirmer que les tirs à la tête sont autorisés, alors que les règles sont claires en la matière. La phrase est prononcée alors que des manifestants discutent des violences et des blessures occasionnées lors des récentes manifestations avec des policiers déployés lors de la venue de Christophe Castaner à Grenoble lundi 14, selon l'auteur de la vidéo.
Les propos sont confus, mais on peut clairement entendre un homme dire à l'un des fonctionnaires. "Votre collègue me dit que vous avez le droit de tirer dans la tête". Ce à quoi le policier répond "Avec le Flashball? Bien sûr!". Ce sont donc au moins deux policiers qui seraient convaincus de la régularité de cette pratique.
Voir: Gilet jaune dans le coma après un tir de flash-ball: bavure à Toulouse?
L'Instruction relative à l'emploi du Lanceur de balles de défense publiée en septembre 2014 par le ministère de l'Intérieur précise pourtant bien que "le tireur vise de façon privilégiée le torse ainsi que les membres supérieurs ou inférieurs, la tête n'est pas visée". Les seules circonstances dans laquelle un tir à la tête est justifiable sont celles dans lesquelles l'usage de l'arme à feu est lui-même possible.
Toujours selon les auteurs de la vidéo, la supérieure des policiers serait alors intervenue pour mettre fin à l'échange. Les deux hommes étaient-ils sincèrement convaincus de leurs dires ou cherchaient-ils à défendre (maladroitement) leurs collègues? Difficile à dire puisque les policiers et gendarmes ne sont pas tous formés à l'utilisation du LBD, formation obligatoire pour pouvoir en manipuler un.
Examinant un cas d'usage abusif en 2017, le Défenseur des droits avait d'ailleurs pointé les risques de l'usage de cette arme par des policiers insuffisamment formés à son utilisation, parfois inexpérimentés au maintien de l'ordre en manifestation et en service depuis de longues heures dans un climat qui peut-être tendu. Une accumulation de circonstances négatives pouvant conduire à l'accident. Par la suite, le Défenseur des droits avait donc recommandé début 2018 de bannir les LBD des opérations de maintien de l'ordre, comme les manifestations.
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